BENOIT-JOSEPH LABRE

LE VAGABOND DE DIEU

1748 – 1783


C'est un saint aujourd'hui, en pleine actualité dans notre société, où l'on compte de plus en plus d'exclus, de pauvres et de miséreux. Communément surnommé le : Pouilleux de Dieu, sa statue est dans la basilique de Saint-Nicolas-de-Port depuis plus d'un siècle.


En 1774, un pèlerin, Benoît-Joseph Labre passa plusieurs jours dans notre ville et assista à la procession traditionnelle. Au cours de ce séjour, il intercéda auprès de saint Nicolas pour obtenir qu'une jeune fille injustement accusée de vol fût protégée, et son honnêteté reconnue. On raconta..... que les prières du pèlerin furent entendues et la jeune fille innocentée. IL est indéniable que le passage de ce pèlerin avait marqué durablement les esprits, puisque un curé de notre paroisse, qui pourrait être très probablement, Charles le Bègue de Girmont, (lui même défenseur des pauvres), au moment où Benoît-Joseph Labre venait en 1860 d'être auréolé à Rome, avait eu sans doute, l'ardent désir d'installer sa statue parmi celles des autres saints. A vrai dire aujourd'hui, elle n'attire plus le regard, d'où l'idée de combler cette lacune au « travers » de sa statue, afin de redonner de l'éclat à ce saint. Son histoire à donc été ajoutée aux textes complémentaires de mon site internet.


Né à Amettes en Artois (Pas-de-Calais), il passe sa jeunesse dans les champs avec son père et ses frères. Mais il rêve d'être moine. Ayant en vain, successivement, cherché sa voie chez les chartreux, les trappistes, les cisterciens, les franciscains, rejeté de toute part, il ne cherche plus à se fixer; et décide à 24 ans de vivre en solitaire, au milieu du monde, afin de suivre une vocation de pèlerin perpétuel et de mendiant. La route sera son monastère, Dieu seul son compagnon de prières. Désormais, « c'est ailleurs » qu'il vivra, dans l'errance et le dénuement le plus total, revêtu d'un habit de pauvre et déchiré, faisant vœu par mortification de ne pas se laver. Son absence d'hygiène et sa vermine deviendront légendaires. Il entreprend alors un vaste pèlerinage qui le mène à travers tous les lieux vénérés d'Europe. Il vit au jour le jour de charité sans rien préserver pour le lendemain, il ne prend que la plus misérable et la plus indispensable nourriture et se fait lui même pourvoyeur des pauvres. Souvent, il est le jouet des enfants. Il est regardé comme un insensé; il souffre et subit tout avec amour et patience.


Les dernières années de sa vie, il les passe à Rome (son lieu de prédilection), vivant ses journées en prière, logeant avec tant d'autres pauvres dans les ruines du Colisée, distribuant à de plus pauvres ce qu'on lui donne. Il meurt à 35 ans le 16 avril 1783, dans l'arrière boutique d'un boucher qui l'avait trouvé évanoui sur les marches de l'église Sainte Marie des Monts. La nouvelle de sa mort aurait été répandue dans Rome par les enfants et le peuple aux cris de : « il est mort le saint ». Bénéficiant déjà d'un culte précoce et populaire, il est un défi au matérialisme d'une société vouée à l'argent. Son enterrement dans cette même église Sainte Marie des Monts, en pleine période de carême donna lieu à de telles manifestations, que la garde du pape dut intervenir. Son corps repose sous une pierre de marbre dans le transept gauche de l'église.


Benoît-Joseph Labres sera béatifié le 20 mai 1860 par Pie 1X, devant 40.000 personnes, et canonisé le 8 décembre 1881 par le pape Léon XIII. Il est le saint patron de la paroisse d'Amqui au Québec (Canada), de la commune de Marçay proche de Poitiers, sans oublier Paul Verlaine, qui de façon étonnante en fait la seule gloire française du 18ème siècle avec son poème dédié à : St Benoît-Joseph Labre. il est aussi le patron des modèles, des itinérants, des inadaptés, des mendiants et des S.D.F. (Les sans logis). Le calendrier le fête le 16 avril. A votre prochaine visite dans la basilique, cherchez parmi toutes les statues des saints, celle de Benoît-Joseph Labre et quand vous l'aurez trouvée, puissiez vous avoir une pensée ou une prière pour le : Pouilleux de Dieu.


« St Benoît-Joseph Labre

la seule gloire française

du XVIIIe siècle

mais quelle gloire ! »


Verlaine (1844 – 1896)


SAINT BENOIT-JOSEPH LABRE


Comme l'Église est bonne en ce siècle de haine,

D'orgueil et d'avarice et de tous les péchés,

D'exalter aujourd'hui le caché des cachés,

Le doux entre les doux à l'ignorance humaine.


Et le mortifié sans pair que la Foi mène,

Saignant de pénitence et blanc d'extase, chez

Les peuples et les saints, qui, tous sens détachés,

Fit de la pauvreté son épouse et sa reine,


Comme un autre Alexis, comme un autre François

Et fut le pauvre affreux, angélique, à la fois

Pratiquant la douceur, l'horreur de l'Évangile !


Et pour ainsi montrer au monde qu'il a tort

Et pour les pieds crus d'or et d'argent sont d'argile

Comme l'Église est bonne et que Jésus est fort.


                                                                                                Paul Verlaine - « Souvenirs »

                                                                                    (Poème dédié à St Benoît-Joseph Labre

                                                                                    pour sa canonisation le 8 décembre 1881)

Benoît Joseph Labre : Le pouilleux de Dieu