LES CLOCHES DE LA GRANDE EGLISE DEVENUE BASILIQUE DE SAINT-NICOLAS-DE-PORT ET CE QUI GRAVITE AUTOUR
Nos cloches d'origine ont disparu depuis très longtemps. Elles n'ont pas résisté au funeste et terrible incendie de 1635, pendant la guerre de Trente ans (1618-1648), qui fut si cruellement néfaste pour la Lorraine et tout particulièrement pour Saint-Nicolas-de-Port et sa Grande Église qui avait été désirée et voulue par le duc René II après sa victoire sur le Téméraire. Le dimanche 5 janvier 1477, après avoir entendu la messe de grand matin dans la vieille église du XIIe siècle et demandé protection à Saint Nicolas, René II s'en alla avec son armée battre le Téméraire qui assiégeait Nancy. Aux dires du duc lui même, René II avait 26 ans, le mérite de cette victoire décisive en revient à Monsieur Saint Nicolas : « Non voulant approprier à lui louange, rendit gloire de sa victoire à Dieu, la Vierge sa mère, pareillement appropria l'honneur à Monseigneur Saint Nicolas en le réputant, père du pays, duc et défense de Lorraine » La mort du Téméraire le grand duc d'occident ce jour là, faisait de la Lorraine une nation indépendante entre l'Empire et la France. Moment très favorable pour la stabilité politique et l'essor économique dont profite la cité de Port. Avec en plus, le succès renouvelé de son pèlerinage et, voulu par la famille ducale, avec l'appui et le soutien financier de puissantes et riches familles de grands marchands internationaux portois, le grand chantier de sa nouvelle église, appelé à commémorer la charte décrétant Saint Nicolas Patron officiel de la Lorraine. Ce qui en fera la localité la plus importante et la plus dynamique du duché de Bar et de Lorraine. Il y avait au XVIe siècle à Saint-Nicolas-de-Port, près de 10000 habitants, alors que Nancy en avait tout juste 4000 dans ses remparts. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur Jusqu'alors épargné par les grandes calamités, le pays déjà à la fin XVIe début XVIIe siècle était touché par des épidémies. Ces maladies pernicieuses, devaient être apportées sans doute par ces milliers de pèlerins et de marchands qui, venant de partout, laissaient derrière eux bien des misères. Ainsi, en 1588, 1350 personnes étaient mortes de la peste à Saint-Nicolas-de-Port. Cela avait suscité la générosité d'une portoise fortunée, veuve d'Antoine Gô, bourgeois et important marchand de la ville : Anne Fériet, qui par testament du 4 avril 1597, immédiatement exécuté, créa un hôpital de pestiférés aux portes de Nancy, à Lasné et par codicile du 11 juin 1603 donna 3000 frs pour la construction de nombreuse petites cabanes, séparées les unes des autres et qui ne devaient être occupées que par un seul pestiféré ou lépreux et qu'on appela « Les Loges » devenu « un lieu-dit » aujourd'hui. En 1627, de nouveau 400 personnes moururent de la peste en notre ville et 351 encore, en 1631.
D'autres grands malheurs de surcroît, allaient s'abattre encore, la guerre grondait. Le roi de France surveillait la Lorraine. Le duc Charles IV, par ses maladresses et ses trahisons lui donna l'occasion d'intervenir. En 1633, l'armée du roi de France se trouve séparé de son allié suédois par la Lorraine. Au mois de septembre de cette année, après avoir mis le siège devant Nancy, Louis XIII, obtient de Charles IV de Lorraine le libre passage de ses troupes à travers le pays. Richelieu obtient même qu'une garnison française soit installée en Lorraine jusqu'à la pacification de l'Allemagne.
A partir de cette date, le pays est mis au pillage par les troupes d'occupation. Au mois de novembre 1635, la situation s'aggrave, Nancy s'enferme dans ses remparts. Saint-Nicolas, ville ouverte, est la proie des soudards. Nous sommes le 5 novembre 1635. Trois cents cavaliers, « les uns habillés à l'allemande, les autres à la crulate et estant tous différents par le langage », attirés par la richesse commerciale de la cité et aussi par les trésors qu'amenaient les grands pèlerinages, arrivent à Saint-Nicolas et s'y livrent aux pires excès. Elle est pillée, incendiée et un grand nombre de ses habitants sont massacrés.
Le 8 novembre, des soldats français du Maréchal de la Force arrivent déguisés sous des casaques suédoises et quoique le plus précieux fut déjà enlevé, ils trouvent encore de quoi assouvir leurs cupidités. Enfin, le 10 Novembre, les suédois et allemands du duc de Saxe Wémar, furieux d'avoir été devancé dans le pillage de la ville, se portent aux pires outrances et jurent de détruire la ville et l'église que d'autres avaient dépouillés avant eux. Le lendemain, « dimanche 11 novembre, jour de saint Martin, parut le feu sur la Grande église et estoit si violent et impétueux, qu'à moins de deux heures, toute cette riche machines de bois qui couvrait la voulte et les tours qui tenoient pendues onze cloches fut mise en poudre sans qu'il aye resté un charbon pour vestige que le feu y ai laissé. Ne s'est découvert du métal des cloches, environ une centaine de livres ». Le plomb de la couverture en fusion s'écoula dans les tours, brisant les pierres, la légende dit même qu'il continua à se répandre dans les caniveaux de la ville, jusqu'à la Meurthe, où l'on retrouva des débris.
La responsabilité de ce désastre n'a jamais été déterminée. On ne sait au juste si les français y trempèrent. Tout cela semble le fait de troupes ravalées à la sauvagerie, plutôt qu'une manœuvre concertée et voulue. En 1639, Charles du Grant clerc juré, exposait dans une requête à Villarceaux intendant du roi en Lorraine et Barrois la situation malheureuse de Saint-Nicolas « N'i reste maintenant environ deux cenz bourgeois, encore gens pauvres ». De 1659 ménages, la ville était passée à 45. La prospérité de Saint-Nicolas était morte . Le commerce ne se releva jamais de ce coup et le pèlerinage fut moins fréquenté.
Dès 1636, le 31 mai, Louis XIII donna 10000 livres « pour estre employées aux plus urgentes et nécessaires réparations de l'église dudit lieu de Saint-Nicolas, bruslée et ruinée par les troupes des ennemis » Le roi octroya le même jour trois cent pieds d'arbres pour recouvrir l'église et les tours. Il apparaît que les pieds d'arbres qui furent prélevés dans les forêts de la « gruerie » de Lunéville furent donnés plus rapidement que les 10000 livres. Dans une requête non datée adressée au duc de Lorraine, les bénédictins constataient que la somme promise par Louis XIII n'avait pas été acquittée, « faute de quoi ils leur avaient été impossible de faire aucune réparation ». En1640, cinq ans après ces journées dramatiques, l'église était simplement couverte de planches de sapin, lesquelles étaient pour la plupart pourries et la plus grande partie emportée par le poids des neiges et des pluies, de sorte que la voûte était en péril de tomber.
Le 9 mars 1640, le gouverneur du Hallier avait permis aux bénédictins de faire une quête générale en Lorraine et Barrois, « pour subvenir aux nécessités et urgentes réparations de leur église ». Le prieur Humbert Finot se rendit à Paris à l'occasion de la Sainte-Vanne en 1643 et obtint de la régente la promesse d'une somme de 3300 livres qui devait être utilisée « au rétablissement et réédification de l'église bruslée et ruinée par les troupes des ennemis. Les bénédictins, seront tenus en faisant faire les réparations de laisser une place apparente en laquelle ils feront mettre une inscription contenant notre bienfaict ». Exigence assez piquante, quand on sait les circonstances du désastre.
La couverture de la toiture du grand couronnement ne fut vraiment entreprise qu'à partir de 1645 par le prieur Dom Rupert Caille qui la conduisit jusqu'au « croison ». Elle fut poursuivie par Dom Platel et Dom Georges. Les bourgeois de Saint-Nicolas, afin de faciliter le transport du bois des forêts de Lunéville et autres lieux, réussirent à obtenir l'autorisation de les faire flotter sur la Meurthe. Pour aider à la poursuite des travaux, le duc Charles IV, le 26 juin 1662, fit don des ardoises qui provenaient de la démolition des remparts de Nancy. Ce don fut confirmé par Colbert le 16 mars 1663, les troupes de Louis XIV s'étant à nouveau établies à Nancy. Le duc en 1664, consentit de nouvelles concessions de bois et d'argent pour la poursuite des travaux. Des donateurs de source privée se manifestèrent. De nouvelles quêtes furent organisées dans tout le pays, jusqu'en Alsace. Malgré tous ces concours et soutiens, la couverture du grand couronnement ne sera vraiment terminée qu'en 1682 et les tours ne seront achevées d'être charpentées et couvertes que vers 1720.
Malgré ces énormes difficultés, la volonté de tout reconstruire était forte. Dès 1642, on avait réussi à replacer quatre cloches. En 1692, on avait du refondre la plus grosse qui était certainement fêlée. Preuve qu'il y avait des problèmes, en 1710 on redescendit le tout. Quatre nouvelles cloches furent coulées aux frais commun des bénédictins et de la ville par Jean Colin de Nancy. Baptisées devant la cour ducale, elles eurent pour parrains et marraines des membres de la famille. En 1731, deux de ces cloches furent refondues. En 1737, on monta une cloche supplémentaire qui eu pour parrain le duc Stanislas et pour marraine son épouse Catherine Opalinska.
Les temps étaient redevenus plus calme. La ville s'était quelque peu repeuplé. Certes « la procession du sire de Réchicourt » avait toujours lieu, mais le pèlerinage était loin d'avoir l'ampleur d'autrefois. La prospérité économique n'était pas revenue. Les foires avaient disparues. On essaya bien de les faire renaître. En 1760, les habitants de Saint-Nicolas demandèrent le renouvellement du privilège des foires franches, on leur fit remarquer qu'il n'était point périmé. En 1788, une feuille périodique, « Les affiches des Évêchés de Lorraine » disait que l'on pourrait rendre à Saint-Nicolas son lustre ancien. En vérité, la ville de Nancy avait, sans faire renaître les foires, hérité d'une grande partie de l'activité commerciale de Port. Le renouvellement du réseau routier du XVIIIe siècle dont la capitale Lorraine tira profit, y contribua.
En 1790, de grosses réparations étaient déjà nécessaires. Les bénédictins firent observer à l'administration du district, qu'étant donné la situation nouvelle qui leur été faite, ils n'étaient « plus dans le cas de supporter cette charge qui est très considérable à raison de l'immensité du vaisseau de l'église ». Un devis des réparations dut être établi et il semble que des travaux furent entrepris. En vertu de la loi du 10 septembre 1792, ce qui demeurait du trésor fut détruit, dont le bras reliquaire de saint Nicolas du roi René, qui malgré les protestations des portois fut envoyé à la fonte. Heureusement la phalange de saint Nicolas fut mise à l'abri. Rendue au culte en 1797, elle fut placée dans un bras reliquaire en bois doré.
La municipalité de Port-sur-Meurthe en 1794, « fit mettre à bas les quatre croix de l'église, dont une sur chaque tour, une autre sur la flèche du petit clocher et la quatrième sur la naive » et remplaça les croix des tours « qui s'appercevoient à cinq ou six lieues à la ronde par le boinet de la liberté en tôle... peint en rouge, bleu et blanc et par un pavillon tournant aussi aux trois couleurs... à une grosseur proportionnée à la hauteur des dites tours ». Ce travail difficile avait été accompli par un citoyen ardent républicain, qui ce faisant « à chaque instant, s'exposa à perdre sa vie » et dont on contesta le salaire, 2600 livres.
Les réparations de l'époque révolutionnaire seront illusoires et pourtant l'église était en médiocre situation, avec principalement les voûtes détrempées par les nombreuses gouttières d'une toiture en désordre. Pour les besoins pressants de la défense du pays, les petites cloches du chœur avaient déjà été fondues, ainsi que celles des tours. On n'en laissa qu'une, qui bientôt se fêla à son tour. Il ne restait donc plus rien de tous les efforts qui avaient été entrepris pour remplacer dans la mesure du possible les cloches détruites lors de l'incendie de 1635.
Nous arrivons au XIXe siècle et au concordat de 1801, mis en application au printemps 1802, qui rétablissait le statut du catholicisme en France en abrogeant la constitution civile du clergé d'esprit révolutionnaire. Ainsi, le culte catholique était reconnu non plus comme la religion de la nation, mais comme la religion de la majorité des français (jusqu'à l'adoption à venir de la séparation de l'Église et de l'État en 1905).
Ce premier curé de Saint-Nicolas, le vénérable abbé Jean Baptiste Henrion, résolut de relever les ruines accumulées dans l'église patronale. Il restaura les autels, remplaça le mobilier et fournit à la sacristie de nouveaux ornements. Mais, il y avait encore la cloche fêlée. Notre curé pût acheter une cloche provenant de l'abbaye des Prémontrés de Domèvre-sur-Vesouze, qui resta seule dans la tour nord.
Cependant, il faut savoir et comprendre que : Le premier chantier de la nouvelle église en 1481, commença par l'abside et le cœur jusqu'au transept, sur l'emplacement même de l'église du XIIe siècle que l'on engloba dans la nouvelle construction. En effet, elle fut conservée pendant un certain temps, pour assurer le culte et bien sûr aussi pour la manne de richesse dont on avait grand besoin et que pouvait apporter les nombreux pèlerins qui continuaient à affluer pour ainsi dire tous les jours. C'est sans doute pour ces raisons, qu'il avait été décidé, dès le début des travaux qui seraient longs, de pourvoir l'église d'un petit clocher, qui n'était peut être que provisoire, car en plus, il était impensable dans l'esprit de l'époque, que la dite église, restant ouverte au culte, ne soit pas pourvue d'une sonnerie de cloches. En 1508, l'abside et le cœur étant couvert, on s'empressa donc de monter deux cloches dans ce petit clocher, qui avec leurs longues cordes pendantes jusqu'au sol, les rendait facilement accessibles et pratiques, tant pour la paroisse que pour la ville. Il ne faut donc pas s'étonner si, « qui n'était peut être que provisoire », ce petit clocher en devint définitif, tant il rendait de services.
C'est pourquoi, à cette seule cloche de la tour nord, en arriva dans le même temps une autre provenant du collège des jésuites. « Ce aujourd'hui 6 mai 1808, le conseil municipal de Saint-Nicolas après mise en délibération et après une longue discussion, le conseil a été unanimement d'avis de mettre dès ce moment à la disposition de M. le curé la cloche qui est au collège, pour la faire placer au frais de la fabrique dans tel endroit de la paroisse, il jugera à propos ; moyennant cependant que cette cloche sera néanmoins toujours à la disposition du maire pour la sonnerie de police ». Le curé Henrion, bien sur, s'empressa de la faire installer dans le petit clocher pour son utilité et aussi à la grande satisfaction de la ville.
Il y avait donc en 1808, deux cloches, celle de l'abbaye de Domèvre et la cloche des jésuites, qui fut rejointe quelque vingt cinq ans plus tard par une autre cloche dont, l'entière inscription a été retrouvée dans un petit livret édité à Nancy en 1896.
J'AI ETE FAITE PAR THILLIER FONDEUR A NANCY LE 8 MAI 1832 JE PESE 310 A LA GLOIRE DE DIEU J AI ETE BENITE LE 26 JUILLET 1834 J AI EU PR PARRAIN MR MASSON SUPERIEUR DU SEMINAIRE DE NANCY CY DEVANT CURE ET BIENFATEUR DE SAINT NICOLAS ET PR MARRAINE MADAME LOUISE VEUVE DE LA RUELLE NEE DE VAUCOUR RENTIERE A NANCY
Cette cloche a une histoire tout à fait singulière, puisque actuellement, chacun peut la voir tous les jours et il est même possible de l'examiner de près. On remarque alors, que seul a été mouluré et pris dans la coulée, (la phrase ci dessus en gras), le reste de l'inscription ayant été gravée de façon plutôt rudimentaire au burin. On peut en déduire, qu'elle a été achetée peu de temps avant son baptême le 26 juillet 1834, ce qui explique cette différence relevée dans son inscription. D'ailleurs, j'aurai encore à dire sur cette cloche dont l'histoire n'est pas terminée.
Dans la liste des prêtres et religieux du diocèse de Nancy, il est relevé : Jean Baptiste Henrion né le 11 février 1752. Curé à Saint-Nicolas-de-Port. Décédé le 4 juin 1823 comme curé de Bouxières-aux-Dames. Mais Emile Badel dans le livre « Les Grands Jours de Saint-Nicolas-de-Port » précise. Ce curé Henrion fut inhumé en 1823 au cimetière de Varangéville, où j'ai pu déchiffrer son inscription sur un marbre noir : D.O.M. Cy git le corps de Messire Jn Bte Henrion curé de Saint-Nicolas qu'il a « advinistré » depuis 1803 et y est décédé le 4 juin 1823 à l'âge de 72 ans.
Il y a donc deux avis différents pour le ministère occupé par le curé Henrion à la fin de sa vie, et un accord pour : le décès du curé Henrion 4 juin 1823. Toujours est-il que, deux jours plus tard, 6 juin 1823, l'abbé Claude Masson est nommé curé de Saint-Nicolas-de-Port.
La Grande église, dès son arrivée, fut le siège d'une mission. L'une de ces missions qui devaient rechristianiser la France. Du 9 novembre au 14 décembre 1823, il y eu alors des foules énormes avec leurs curés qui se pressaient dans une nef qui était devenue trop petite. On compta certains jours plus de 1000 communions et la fin de cette mission fut marquée par une grande croix commémorative qui fut fixée au revers de la façade, juste en dessous du vitrail de la Grande Rose et depuis ce temps, elle est toujours à la même place. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur Sortant à peine des des troubles révolutionnaires, le curé Claude Masson s'employa à ranimer la piété et à relancer le pèlerinage. Pour éclairer à nouveau la confiance des fidèles, il publia en 1828 une notice historique sur la vie et les miracles de saint Nicolas et à partir de 1830, la procession du sire de Réchicourt fut rétablie. M. L'abbé Claude Masson qui avait été ordonné le 27 février 1790 et, après différentes charges, avait été exilé puis déporté à Rochefort, sera après sa nomination à Saint-Nicolas, désigné Supérieur du Grand séminaire. Il décédera le 28 août 1837 et laissera une œuvre : Le Manuel d'éducation chrétienne en trois volumes. Inhumé probablement à Varangéville, sa dépouille sera transféré dans le premier cimetière de Saint-Nicolas à sa création en 1861. Son tombeau se trouve contre le mur du fond et sur son épitaphe : Abbé Claude Masson 1765-1837. Quelque mètres plus loin, se trouve aussi la tombe du portois Emile Badel « Le Barde Lorrain » 1861-1936. Cliquer pour voir les images en vraie grandeur Dans la « Grande Église », Pierre MAROT nous dit : « Sous l'impulsion de curés zélés, le culte de saint Nicolas retrouva la faveur ». Après le curé Masson, c'est ce que fera et poursuivra très certainement M. l'abbé Jean-Nicolas Ferry à Saint-Nicolas de 1832 à 1842. Il sera en outre professeur et supérieur du Grand séminaire, chanoine titulaire de Nancy et supérieur des congrégations religieuses cloîtrées. Une notice bibliographique sur l'abbé Ferry est conservée au Grand séminaire.
Quand à son successeur, l'abbé Emmanuel Guenin, voici ce qui a été trouvé le concernant : Ordonné le 2 juillet 1830, curé de Bréménil après ordination, curé de Saint-Nicolas-de-Port, 1er janvier 1843. Démissionnaire à quitté le diocèse le 1er décembre 1848. Il réside à Baden Baden. L'abbé Guenin, peu de temps avant sa démission déclarait dans une notice sur l'Église de Saint-Nicolas-de-Port éditée à Nancy en 1848 : « Le gouvernement ne voulant et ne pouvant pas se charger de la restauration intérieure de l'église de Saint-Nicolas, le seul moyen était de faire une quête dans toute la Lorraine et de s'adresser à ceux qui ont la vénération pour le saint évêque de Myre, ou qui s'intéressent à la conservation des monuments historiques ».
Il n'y aura pas de carence, M. le Bègue de Girmont sera nommé curé de Saint-Nicolas-de-Port le 1er décembre 1848 et dès son arrivée, il fera aboutir très rapidement le projet de remplacement de l'ancien grand orgue, qui avait été jugé fort « délabré » et trop faible par le conseil de Fabrique le 3 octobre 1846.
De 1848 à 1851, grâce en grande partie à ses ressources personnelles, sur l'ancienne tribune en encorbellement, un buffet monumental en chêne sculpté de style néo-gothique du XVe siècle fut établi d'après les plans et dessins de l'architecte Laurent de Nancy. Dans ce buffet haut de 16m sur 7m de large, le facteur Joseph Cuvillier put mettre en place 2695 tuyaux répartis en 39 jeux actionnés par trois claviers de 54 touches et un pédalier de 25 marches. Ce deuxième grand orgue « appelé 16 pieds », qui avait coûté avec le buffet 20.000 frs or de l'époque, payable en quatre termes, fonctionnait encore parfaitement en 1939. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur Le 10 novembre 1851, fut mise en vente à Nancy la collection d'un amateur archéologue nancéien dont : « Un vaisseau garni en argent doré, le corps formé d'un nautile monté sur quatre roues avec sur le pont plusieurs personnages. On prétend que cette pièce provient du trésor de l'église de Saint-Nicolas-de-Port, auquel elle aurait été donnée par un grand seigneur (pièce unique) » Le curé qui commençait à restaurer son église, acheta de ses deniers pour la somme de 1000frs ce vaisseau « dit du Cardinale de Lorraine » destiné à reconstituer tant soit peu le trésor qui lui aussi en avait grand besoin. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur M. le Bègue de Girmont, avait aussi le désir entre bien d'autres, d'accroître le nombre de cloches de la Grande Église. En 1853, après de nombreuses recherches et pourparlers, accompagné d'une volumineuse correspondance, il s'adressa finalement au fondeur Perrin Martin de Robécourt (Vosges). Marché fut conclu d'une commande de quatre cloches d'un poids approximatif de 4000 kilogrammes. Le 29 avril 1853, fut faite par le journal de la Meurthe, mention du baptême « Le 24 avril, on apercevait sur une des tours de l'église de Saint-Nicolas-de-Port un drapeau vert qui annonçait la bénédiction de quatre cloches fondues par le sieur Perrin Martin de Robécourt ». Les dénommées : BARBE, GEORGETTE, CLEMENCE et JOSEPHINE. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur La dépense de cette sonnerie, fut d'abord évaluée à 11970 frs. Cependant, par suite d' augmentation de poids, la facture s'éleva à 17673 frs. Mais le Conseil de fabrique, avait livré au fondeur son ancienne cloche de 1808 de Domèvre, qui pesait 1389 kilos, elle fut mise en déduction de 4444,80 frs. Le 20 septembre 1853, M. l'abbé Steiner, trésorier de la fabrique paya à Perrin Martin la somme de 13228,20 frs. Quand à la facture de Nicolas Legros, l'entrepreneur du beffroi (« R. EN AVRIL 1853 PAR H. LEGROS » est gravé dans une poutre) qui avait charpenté l'armature des cloches pour la somme de 1453,90 frs, elle ne sera entièrement soldée qu'en 1855. Pourquoi deux poids et deux mesures, dans ces deux règlements ?
Notre curé se préoccupait encore d'améliorer cette sonnerie de quatre cloches et son octave, ainsi qu'il en résulte, d'une lettre de Perrin Martin en date du 14 août 1856. « J'ai toujours conservé l'espoir de vous compléter l'octave de votre sonnerie, ce que je pourrai faire, quand il vous plaira, mais il vaut infiniment mieux faire les cloches ensemble. Je pourrai m'en charger pour 4500 frs. ». On peut s'étonner de cette modeste somme pour quatre nouvelles cloches, Perrin Martin était il en panne de commande, ou s'agissait il de cloches beaucoup moins importantes ?
Finalement et après mûres réflexions, M. Le Bègue de Girmont fit un choix et préféra poursuivre les réfections et restaurations intérieures de son église. Néanmoins, les cloches retenant toujours son attention, en cette même année 1856, il demanda au conseil municipal, l'autorisation de faire refondre la cloche du collège des jésuites, car il avait une idée bien arrêtée de ce qu'il voulait en faire.
« L'an 1856, le 11 août, à 11 heures du matin, le conseil est réuni en continuation de sa session d'août. M. Marchal, maire, président, donne lecture d'une proposition faite par M. le Bègue de Girmont, curé de Saint-Nicolas, qui demande l'autorisation de faire refondre à ses frais, la petite cloche de l'ancien collège des jésuites et de la transporter du clocher du chœur de l'église à la tour sud, d'où elle servira de signal d'appel pour les élèves d'une école et d'une maîtrise qu'il est en train d'organiser au profit de la commune. Le conseil ne voit aucun inconvénient d'accorder à M. le Bègue de Girmont l'onéreuse faveur qu'il sollicite, sous la condition pourtant, que la petite cloche en question ne cessera pas d'être une propriété communale, même après la refonte qui en sera faite et son replacement dans la vieille tour. »
Le curé, ne répondit pas à la demande de la ville concernant l'emplacement et avec l'apport de métal de cette petite cloche (57kgs) une plus grosse d'un poids de 179kgs pour la somme de 746frs fut fondue, avec dans son inscription, « J' ai eu pour parrain M. Jules Desloy et pour marraine Félicie Levêque . Perrin Martin à Robécourt ». Bien entendu, elle fut reposée à son emplacement initial, ce qui, avec deux cloches sensiblement de même importance, améliora nettement la sonnerie du petit clocher.
Les travaux de réfection et restauration vont ainsi continuer encore pendant quelques années. De nouveaux autels seront aménagés dans les chapelles et dans l'une d'elles, pensé et voulu par ce bénéfique curé, sera entrepris l'édification du nouvel autel patronal qui sera consacré par Monseigneur Lavigerie le lundi de Pentecôte 21 mai 1866. Ce sera la dernière action de son ministère. Peut être la plus importante, à ses yeux, qu'il avait à cœur d'accomplir. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur En effet, quelques mois plus tard, le 2 février 1867, M. le Bègue de Girmont, « personnage hors du commun » prendra la décision à l'approche de ses soixante ans de démissionner de son poste de curé de Saint-Nicolas-de-Port. « Il n'est pas bon de rester à la tête d'une grande paroisse quand on arrive à un certain age ». Ce sera la stupeur et la désolation pour l'ensemble de ses paroissiens.
Pourtant, il gardera jusqu'à la fin de sa vie une activité débordante au travers d'œuvres multiples, toutes basées sur la morale, l'éducation et l'instruction. Attentif à la pauvreté, il donnait généreusement et se contentait de peu, n'ayant pas même un lit. Fait singulier et surprenant, il dormait sur une paillasse et avait un cercueil chez lui. Aumônier de la Visitation de Nancy en dernier lieu, il est décédé le 27 septembre 1883 alors qu'il commençait à célébrer la messe.
M. le Bègue de Girmont est le seul curé ayant desservi l'église de Saint-Nicolas-de-Port à avoir une plaque offerte en 1884 par ses anciens paroissiens reconnaissants. Vous la trouverez à hauteur de la chapelle Simon Moycet. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur A la suite de cet exceptionnel et bienfaiteur curé, vont se succéder en une courte période : l'abbé Louis Noël (1867-1876), l'abbé Charles-Marie Gondrexon (1876-1886), qui sollicita et obtint des pouvoirs publics, état, département, municipalité, des sommes assez importantes pour la sauvegarde du monument historique dont il avait la garde et qui seront employées en priorité pour les réparations des toitures des nefs latérales et chapelles.
Avec l'abbé Antoine Geoffroy (1886-1889) ils auront à faire face, chacun à leur tour aux répercussions de la guerre de 1870-1871 et de ses conséquences avec une nouvelle frontière à moins de 30kms et à endurer une occupation prussienne jusqu'en 1873 avec aussi, prémisse de la séparation de l'Église et de l'État de 1905, à de nombreuses passes d'armes entre le monde catholique et anticlérical, qui aura à en découdre avec Monseigneur Thurinaz, surnommé : l'évêque de la Frontière.
Tel était le milieu paroissial de Saint Nicolas-de-Port le 13 septembre 1889, en accueillant son nouveau curé, Edmond Carrier, qui se dépensera sans réserve dans son ministère et saura employer merveilleusement les ressources nombreuses qu'il arrivait à recueillir ça et là. Pour vous donner une idée de la célérité qu'il avait pour trouver l'argent nécessaire pour tout ce qu'il entreprenait, voici ce qu'il écrit en février 1892, adressé à ses paroissiens : « M. le curé fait un nouvel appel à votre charité pour l'achèvement du pavé de notre Basilique, pour lequel il faut une somme de dix mille francs. Il espère que tous voudrons y contribuer et donner au moins aussi largement que l'an dernier. Pour donner à tous une égale marque de sympathie, M. le curé ira lui même recueillir la souscription à domicile, en commençant cette semaine, il pourra consacrer deux mois à cette visite de toute la paroisse. »
Dès son arrivée, en se renseignant sur l'état de la sonnerie : quatre grosses cloches dans la tour nord, et deux plus petites dans le clocher de l'abside, il affichait là ses ambitions premières : Faire installer un nombre plus important de cloches, afin de doter l'église d'un carillon digne de son importance. Notre curé, devra s'armer de patience et attendre plusieurs années avant que des circonstances favorables se présentent, mais il fera preuve très vite de ses capacités et de son dynamisme.
En effet, de 1890 à 1892, coup sur coup, aidé en partie par la générosité de ses paroissiens, il fera remplacer les pavés de l'église par un dallage de comblanchien et mon grand père, Jules Quillé, né ici en 1862, m'expliquait, que certains portois astucieux, pour ne pas dire privilégiés, avaient profité de ces pavés et les avaient utilisés pour le pavement de leur cour et allée de jardin. Pour rappeler cette réfection, une inscription avait été gravée sur un dallage, « c'est sans doute cette petite dalle, qui a été fixée sur un pilier au ras de ce dallage et à l'aplomb du bénitier du tambour sud du transept. » Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur On profita de ces travaux, pour faire des fouilles à l'emplacement de l'ancien autel patronal qui se trouvait au milieu de la nef à hauteur du transept. On découvrit un premier cercueil de bois, que l'on l'on cru reconnaître comme celui du peintre nancéien Claude Charles (1661-1747). En réalité, « ce peintre du duc Léopold avait été inhumé à Nancy dans le cimetière Saint Rock, le 5 juin 1747 ». Dans un deuxième cercueil de pierre, on identifia très probablement Simon Moycet. Les deux cercueils furent transportés dans la première chapelle du bas coté nord occidental et l'on érigea dans cette chapelle un monument en l'honneur de Simon Moycet, dû au sculpteur Victor Huel. Les parois latérales de la chapelle furent recouvertes de deux dalles de marbre aux inscriptions gravées en creux. Sur la première est reproduite l'ancienne épitaphe de Simon Moycet, gravée sur sa pierre tombale dès 1520. Sur l'autre dalle, on lit l'inscription commémorative du peintre Claude Charles surmontée d'un écusson à ses armes avec le médaillon de l'artiste. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur Dans le même temps, l'insatiable curé Carrier, fit poser des grilles en fer forgé (véritable ferronnerie d'art), dans toutes les chapelles. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur C'est grâce à la générosité d'une paroissienne, Madame Joseph Claudel, qui en 1892 donna une somme importante, qu'un bras reliquaire s'inspirant des proportions du bras d'or du roi René put être réalisé. Avec d'autres reliquaires, tel un buste de saint Nicolas en argent du XVIIIe siècle semblant provenir de l'ancien trésor, le Christ de Voltaire donné à Dom Calmet et remis à l'église par ses arrières petites nièces, trois petits vaisseaux d'argent ex-voto flamand du XVIIe siècle, la Croix processionnelle offerte par le marquis de Gerbéviller et différentes pièces qui avaient put être reconstituées, tel le vaisseau dit du Cardinal de Lorraine acheté par M. le Bègue de Girmont, ce nouveau patrimoine fut jugé assez important pour être déposé dans un petit musée et juste à coté, on pouvait voir aussi, quatorze petites scènes des miracles et de la vie de saint Nicolas. Ces peintures sur bois du XVIe siècle, trouvées chez un antiquaire avaient été restaurées et offertes par M. Barbier curé de Saint Fiacre de Nancy à M. le curé Carrier, qui les fit enchâsser dans un meuble néo-gothique d'Eugène VALLIN. Cliquer pour voir les images en vraie grandeur Ce fut le lundi de Pentecôte 22 mai 1893, dans une fête présidée par Mgr Ducellier (archevêque de Besançon) et les évêques Turinaz et Foucault (de Nancy et Saint-Dié) et plus de 300 prêtres, que furent inaugurées les restaurations récentes du curé Gondrexon et bien sur, celles du curé Carrier, avec aussi le Trésor, le nouveau bras d'or du Patron de la Lorraine et le tombeau de Simon Moycet. Trente mille pèlerins, accourus de tous les points de la Lorraine et plus spécialement de Metz et d'Alsace pour appeler l'action tutélaire du grand saint Nicolas « sorte d'appel au secours », suivirent la procession qui se déroula dans la ville sous huit arcs de triomphe, dans les rues pavoisées de drapeaux, de feuillage et de fleurs. « Fête incomparable! Grand jour, merveilleux », commente Emile Badel. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur En 1895, décédait à Saint-Nicolas Mademoiselle Agathe Desloy, qui avait passé les années de sa vie à s'occuper de son église. En mourant, « intuition » ?, elle avait léguée un forte somme, pour faire quatre nouvelles cloches devant s'ajouter à celles de la tour. Le vœu d'Agathe Desloy fut exaucé dans la foulée dès 1896 par le pressé curé Carrier. C'est le fondeur de Nancy, Jules Robert qui fut choisi et ces quatre cloches, qui avaient été coulées avec le métal de vieux canons réformés de 1819, mélangés avec du célèbre étain « Banca », furent transportés à Saint-Nicolas et bénites le dimanche de quasimodo 12 avril 1896, le jour même où la ville inaugurait la statue de Jeanne d'Arc obtenue avec le concours d'Emile Badel et dotée par M. William John Machay de New York. C'est ainsi que : NICOLE, MARIE, AGATHE, et FRANCELINE, en s'ajoutant à BARBE, GEORGETTE, CLEMENCE et JOSEPHINE, vinrent compléter le carillon tant désiré. C'était le but entrepris par Charles le Bègue de Girmont et enfin atteint par Edmond Carrier. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur Restait pour l'infatigable curé une ambition, celle d'installer dans la tour sud (la tour saint Pierre) une énorme cloche. Aidé en cela par de nombreuses, influentes et riches personnes, son ardent désir se réalisa dès l'année suivante, avec un bourdon de plusieurs tonnes, d'une hauteur de 2 mètres et 1,85 mètres de diamètre, dont l'inscription a été relevée en partie : « Je me nomme JOSEPH, AUGUSTE, EDMOND. Je suis né pour chanter le souvenir d'un homme de bien, Edmond Bertrand premier adjoint de la ville de Saint Nicolas d'heureuse mémoire. J'ai était baptisé le 19 avril 1897 par Monseigneur Turinaz évêque de Nancy et de Toul, assisté de M. Carrier curé. J'ai eu pour parrain Emile Bertrand et pour marraine Marguerite Marchal, père et mère du défunt. Ch Martin fondeur à Nancy ». Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur C'était depuis le désastre du 11 novembre 1635, avec l'incendie de l'église qui avait entraîné la destruction des 11 cloches, l'aboutissement de tous les efforts. Avec la tour nord, la tour saint Pierre et le petit clocher, la boucle était bouclée, le patrimoine des 11 cloches était de la sorte amplement reconstitué.
Toutefois, il faut le dire, en cette fin du XIXe siècle, tout était loin d'être rose à Saint-Nicolas-de-Port et dans la région, en particulier pour le monde ouvrier. Un hiver rigoureux arrive comme en 1891 et c'est à nouveau la misère qui ressurgit.
Vrai paradoxe, Nancy qui elle aussi a ses pauvres, voit son destin bouleversé par la défaite de 1871, avec la frontière allemande à 25 kms. Refusant l'hégémonie prussienne, elle va servir de refuges à de hautes administrations, à des milliers de lorrains et d'alsaciens de toutes conditions sociales, qui de façon universelle vont l'enrichir. En une génération, sa population doublera et au début de 1900, avec plus de 100.000 habitants, Nancy devient la capitale de l'est de la France.
C'est dans ce contexte contrasté, qu'arrive le XXe siècle avec une idée nationale fortement développée en Europe. Mais loin de créer l'harmonie entre les peuples; elle favorise le plus souvent la naissance d'antagonisme nationaux, ce qui développe au début du siècle en Europe une pleine course aux armements. L'hostilité franco-allemande, conséquence de1871, avec la perte de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine et plus encore avec la crise les opposant à propos du Maroc, notamment, celle de 1912, laisse les opinions publics des deux pays meurtries et défiantes l'une envers l'autre. La guerre est prête. Alors, quand survient l'assassinat de l'archiduc d'Autriche et de son épouse le 28 juin 1914, le jeu des alliances engage l'ensemble des pays européens et du 1er au 4 août, la plus grande partie du continent est en guerre.
Successeur d'Edmond Carrier, arrivé à Saint-Nicolas en 1910, tout va aller très vite pour le curé Émile Guillaume. Dès les premiers jour d'août 1914, il aura à soutenir les angoisses de sa population. Ces craintes étant amenées par l'engagement dans les combats de la défense du Grand Couronné, du 4ème bataillon de chasseurs à pieds de la garnison locale et du 37ème régiment d'infanterie qui étaient en cantonnement dans la ville. Très rapidement, des nouvelles alarmantes seront apportées avec des troupes ennemies sur les hauteurs de Varangéville, du Rambétants, dans les rues de Dombasle et sur le point de franchir la Meurthe. Ensuite, une fois ces dangers immédiates écartés, le curé Guillaume, parmi d'autres, se dépensera sans compter auprès des portois et de la multitude de soldats qui se succéderons dans cette ville de garnison jusqu'à la fin du conflit. Cliquer pour voir les images en vraie grandeur Après 1918, il continuera fidèlement et pour le mieux à assurer la charge de sa paroisse. C'est lui, qui m'enseignera le catéchisme, suivi de ma 1ère communion en 1931 et l'année suivante, le bon et humble chanoine Guillaume trouvera la mort dans son église, au pied de l'autel le jour de la saint Nicolas, le mercredi 6 décembre 1932. Sa tombe se trouve dans le nouveau cimetière de la ville, avec cette épitaphe : Chanoine Émile Guillaume 1867-1932. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur Portois d'origine, Pupille de la Nation, n'ayant pas connu mon père, mort pour la France, je me souviens encore de ce que me disait ma mère et surtout des conversations avec mon grand père, quand il me rappelait les jours sombres d'août-septembre 1914, alors que redoutant l'invasion, les portois avec leur curé Guillaume, avaient promis à saint Nicolas d'embellir son autel et de célébrer une fête d'actions de grâces. De même, Mgr Ruch, coadjuteur de l'évêché de Nancy, aumônier aux armées, qui se trouvait dans la ville avec les troupes, avait fait le vœu de venir chaque année à la fête traditionnelle du lundi de Pentecôte. Non seulement, les troupes ennemies ne pénétrèrent pas à Saint-Nicolas, mais la ville n'eut à subir que des dégâts insignifiants. Une grande cérémonie eu lieu à la Pentecôte 1920; Mgr Ruch, devenu évêque de Strasbourg la présida. Dés lors, fidèle à sa promesse, il accomplit chaque année son pèlerinage jusqu'en 1939.
Ce qui est moins connu, c'est que le coadjuteur de l'évêché de Nancy, avait fait le vœu de venir à pied chaque année depuis cette ville. Venant aux cérémonies de la Pentecôte depuis Strasbourg en voiture, il faisait arrêter celle-ci à hauteur du Léomont pour faire le restant du parcours à pied comme il l'avait promis. C'est ce que me racontait aussi mon grand père.
Quand à la promesse des portois et du curé Guillaume d'embellir l'autel de saint Nicolas, l'idée ne fut pas retenue et le regretté Serge Saunier + dans le livre « La Basilique de saint Nicolas en Lorraine » nous dit « Peu après la grande guerre de 1914-18, les portois reconnaissants d'avoir pu éviter l'occupation (l'armée allemande a été arrêtée à 4 kms de Saint-Nicolas) ont offerts une magnifique verrière avec en haut, saint Nicolas, à gauche et à droite deux files de pèlerins illustres – monarques et clergé – en bas on remarquait côte à côte le curé Guillaume titulaire en 1914 et Monseigneur Ruch l'évêque de Strasbourg. Ces très beaux vitraux ont duré à peine vingt ans. N'étant pas anciens ils n'ont pas été démontés et furent détruits en 1940 » Ce grand vitrail, dont il restait encore assez d'éléments en place après le désastre du 18 juin 1940, aurait pu être restauré, mais il semble que certains grands esprits influents furent d'un avis contraire.
Après l'euphorie de la victoire, dès 1919, des difficultés de réadaptation d'après guerre vont se faire sentir. Les progrès techniques avancent très rapidement, amenant des revendications d'ordres sociales qui aboutissent en particulier, à limiter la journée de travail à 8 heures sur 6 jours, donc 48 heures de travail par semaine. Cependant, la banqueroute américaine de 1929 rattrape très vite le pays apportant marasme économique, avec chômage, diminution de salaire et licenciements. Entré comme apprenti électricien le 1er mars 1933 dans une entreprise de Nancy, (j'avais 13 ans), malgré le travail fatigant sur les chantiers, avec en plus deux fois chaque semaine, prendre le train en gare de Varangéville à 5h10 du matin pour aller suivre les cours du C.A.P. de 6h30 à 8h dans des salles qui se trouvaient derrière le musée Lorrain rue Jacquot, ce sera pour moi, malgré ces temps difficiles - insouciance de la jeunesse ? - un temps heureux dont j'ai toujours le souvenir.
Il faudra attendre les grèves très appuyées de 1936, pour avoir des avancées inimaginables. Augmentation importante des salaires, deux semaines de congés payés, les 40 heures sans diminution sur la paye et « la saint Blum » un jour de repos hebdomadaire. C'est l'époque où on chantait : «Tout va très bien Madame la marquise ». En 1938, la guerre se rapprochant, le gouvernement en place « voulant remettre la France au travail » pour les besoins de la défense nationale, abroge la loi des 40 heures et la semaine des 5 jours passe à la trappe. « adieu la saint Blum ». Mais les efforts demandés sont trop tardifs, le 3 septembre 1939, c'est à nouveau l'horreur de la guerre. Et le 8 juin 1940, en pleine tourmente, je serai incorporé au 38ème Génie Télégraphiste de Montargis.
Cependant, pendant plusieurs mois, on va se perdre, s'enfoncer, dans ce que l'on appellera « La drôle de guerre ». On attend tranquillement l'ennemi, l'arme au pied à l'abri de la ligne Maginot, ce qui donne à l'Allemagne un répit, après sa victoire sur la Pologne pour préparer son offensive générale. Le 10 mai, 100 divisions de la Wermarcht déferlent au travers les pays, (de la Hollande au Luxembourg), c'est l'invasion. Aboutissement des erreurs politiques de la plupart de nos gouvernants et de la drôle de guerre avec ses conséquences, la débâcle est inexorable et entraîne très vite la capitulation de l'armée française le 22 juin 1940.
Saint-Nicolas-de-Port avait été préservée en août-septembre 1914, mais le 19 juin, trois jours avant l'armistice, à la suite d'un duel d'artillerie, l'église est frappée par des obus. Un pilier entre la troisième et quatrième travée sud de la nef s'écroule, entraînant une partie de la voûte. Le petit clocher lui aussi est touché occasionnant un énorme trou dans la plus petite des deux cloches. (Celle qui avait été fondue en 1832 et bénie le 26 juillet 1834), la seule qui était en activité en 1939. Quand à la deuxième, celle des jésuites qui avait été refondue et augmentée en poids par Perrin Martin de Robécourt en 1856, sous le ministère de M. le Bègue de Girmont, elle n'était plus utilisée depuis assez longtemps. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur Ces deux cloches, les anciens de Saint-Nicolas les appelaient, compte tenu de leur petite taille, « Les gagattes » terme portois qui désignait aussi les coccinelles. Ainsi cette petite gagatte sonnait les messes matinales et celle du dimanche à 11 heures « la messe des hommes ». Pour cela, il y avait une longue lanière de cuirs qui pendait derrière l'autel, dans l'abside et c'était le sacristain de l'époque « M. Villeneuve » qui tirait sur la lanière. Hélas, ces temps devenus lointains sont révolus. Il faudra des années, pour que ces catastrophiques dégâts tant pour l'église que pour la ville, avec des habitants tués et maisons détruites, soient effacés des mémoires, car les réparations seront longues et seulement terminées en 1950. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur C'est à cette époque, étant artisan, on me demanda d'installer un éclairage provisoire dans l'église, afin de faciliter les travaux de réfection du dallage de la nef, qui avait été détérioré par l'écroulement de la voûte, ainsi que la pose de fourreaux en tube d'acier sous le dallage, devant servir à l'alimentation électrique de la chaire que l'on envisageait de déplacer à hauteur du pilier nord du transept. Ce projet sera abandonné, mais les fourreaux sont toujours en place.
Je vois encore le curé Charles Beaucourt arriver dans l'église, tenant une sorte de mouchoir contenant des débris de marbre et m'interrogeant : vous le portois où elle était « la Pierre » ?.... Bien sur que je m'en souviens, elle était encastrée juste avant la chaire, sur le coté gauche de l'allée centrale, laquelle était recouverte d'un grand tapis, dont le bord cachait presque entièrement la Pierre, à tel point que des visiteurs, la cherchant, avaient bien du mal à la trouver. Le spécialiste poseur découpa une sorte de forme dans un dalle, assembla les morceaux de marbre et la «Bonne Pierre » parée de ses vertus et bienfaits retrouva sa place. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur C'est M. l'abbé Charles Beaucourt successeur du curé Chatel le 1er novembre 1943, qui est à l'origine de ce qui suit : « La France est très riche en temples célèbres, chefs-d'œuvres admirables de foi et de piété. Ils ont été, au cours des siècles, comme des astres qui brillent et, pour les peuples voisins ou plus lointains, des foyers de civilisation humaine et d'espérance céleste... L'église de la ville de Saint-Nicolas-de-Port peut, à juste titre, être comptée parmi ceux-là. Nous avons appris que, par sa majesté, sa beauté, son antiquité, elle n'est inférieure à aucune et qu'elle est supérieure à beaucoup. Songeant à sa glorieuse histoire, notre très cher fils, Charles Beaucourt, prêtre et dévoué curé de la paroisse de la ville de Saint-Nicolas-de-Port approuvé et soutenu par notre vénérable Frère Marc Lallier, évêque de Nancy, nous présenta humblement une requête où il sollicitait pour son église paroissiale le titre de la dignité de basilique mineure. En conséquence, nous élevons l'église de Saint-Nicolas-de-Port à la dignité de basilique mineure et lui conférons tous les privilèges attachés à ce titre. Donné à Rome, sous l'anneau du Pêcheur, le 25 juin 1950, la douzième année de notre pontificat. PIVS PP. XII »
Après le désastre du 19 juin 40, le curé Edouard Chatel, qui avait succédé au curé Emile Guillaume le 3 février 1933, transférera le ministère de sa charge à la chapelle de la congrégation rue Bonnardel. Pourtant il ne retrouvera pas son église, car il décédera le 31 juillet 1943. Quand aux sonneurs carillonneurs, les travaux ne les empêcheront pas dans la lignée des anciens, à sonner et carillonner les cloches de l'église.
Toutefois, il faut savoir que plusieurs de nos cloches, ainsi que la sonnerie des heures, avaient déjà eut une installation électrique vers 1930 avec M. Lamontagne, horloger local bien connu à cette époque. Il avait son magasin atelier dans une des maisons située « entre les deux ponts ». Habile et inventif, il avait mis au point une horloge de commande pour la sonnerie des cloches et des heures, afin de remplacer l'antique horloge mécanique qui se trouvait sous le niveau des cloches et qui ne fonctionnait plus depuis longtemps. Un électricien portois, M. Launois l'avait aidé dans cette installation, qui eut, on peut le dire, des résultats de fiabilité incertaine, avec des pannes fréquentes et, en 1939-40, cette installation était pratiquement hors-service.
Le sonneur de cette époque M. Toussaint, fut donc mis dans l'obligation de monter à 50 mètres dans la tour et vu le nombre de cloches qu'il avait à mettre en mouvement, il était aidé assez souvent par des bénévoles. En effet, depuis leurs origines 1853-1896, à part la petite interruption du montage électrique, les cloches de la tour nord étaient mises en volée, avec ce que l'on appelle « La poussée du pied ». Pour cela, sur le joug de la cloche appelée aussi « mouton », était fixé transversalement un planche de bois dur de forte épaisseur. Le sonneur debout sur un madrier parallèle à cette planche et s'appuyant à un support, imprimait avec le pied des impulsions plus ou moins rapides sur la cloche. En exemple, pour mettre quatre cloches moyennes en volée, il fallait quatre hommes.
Pour le bourdon qui occupe la tour saint Pierre, compte tenu de son poids (près de 5000 kgs), dès son installation en 1897, un châssis fait de grosses poutrelles métallique avait été installé et c'était deux équipes de quatre hommes placés de chaque coté sur une armature bien plus charpentée que pour les cloches de la tour nord qui le mettaient en volée par un mouvement de balançoire. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur En ce qui concerne le carillon depuis sa création en 1897, jusqu'en 1954, date de son remplacement par un système électrique, tous les carillonneurs qui se sont succédés devaient monter dans la tour nord, pour faire tinter les huit cloches et faire entendre leurs airs populaires et religieux. La mécanique de ce carillon comportait un système ingénieux fait de tringles, renvois, axes mobiles et chaînes qui reliait le battant intérieur de chaque cloche à un clavier composé de huit touches et de huit pédales. L'action du carillonneur consistait à frapper avec le poing ou le pied les touches et pédales avec une force percutante, mais dosée de manière à ce que le battant frappe le bord intérieur de la cloche immobile.
A chaque fois, malgré la mécanique de ce carillon situé dans l'ambiance et forte résonance des cloches, avec leurs effets néfastes, le carillonneur oubliait tout, même l'intensité des efforts à fournir. C'était pour lui, plaisir, bonheur et joie de faire entendre les airs qu'il aimait et il était toujours prêt, pour les baptêmes, communions, mariages et fêtes, à remonter dans la tour.
Il faut en convenir, la place de sonneur de cloches dans la Grande Église à l'époque où Monsieur Toussaint exerçait, n'était pas de tout repos. C'était bien au contraire une fonction fatigante sans aucun jour de repos, qui demandait une assiduité permanente et régulière. En exemple parmi d'autres, il fallait bien, depuis un petit réduit fermé d'une porte, qui se trouvait à l'intérieur du tambour d'entrée de l'église, tirer sur la corde reliée au marteau venant frapper le bourdon pour faire retentir les neufs coups fractionnés de l'angélus et cela trois fois par jour à heures fixes : 6 heures – 12 heures – 19 heures.
Enfant de cœur dès son plus jeune age, attiré très tôt par « la musique des cloches », le jeune Fernand Brendel sera amené bien sur, tout naturellement, à rencontrer souvent le sonneur de l'église. C'est de lui qu'il recevra les premières notions et gestes du sonneur carillonneur. M. Toussaint, avec l'age, ayant une santé fragile, il le remplacera de temps à autres, C'est d'ailleurs de cette façon qu'il se formera lui même sur le « tas » et, la santé du sonneur s'étant fortement détériorée, il le remplacera définitivement en 1942. Il avait 14 ans.
Dès lors, à part Maria, la veuve de M. Toussaint qui sonnera l'angélus jusqu'en 1949, notre jeune sonneur devra se débrouiller seul, avec tout ce qu'il y avait à faire. Surtout les dimanches, avec les messes de 9 heures et 11 heures, avec en plus les baptêmes et vêpres, sans compter les fêtes, quatre fois à monter dans la tour, avec quand on est seul à mettre au moins deux cloches en volée. Adroit, il y arrivera. Pour les grandes fêtes, il y aura toujours quelque copains pour l'aider à mettre en mouvement le plus grand nombre possible de cloches. Quand aux enterrements, ne pouvant à lui seul en activer trois, il aura recours au carillon avec des tintements alternés sur chacune des cloches. Carillonner sera et reste encore son plus grand bonheur. Fernand Brendel, n'a jamais appris le solfège, mais est doté d'une fine « oreille musicale », apte à saisir les sons, les reproduire et de la sorte, mémoriser des dizaines d'airs profanes et religieux et nous les faire entendre encore aujourd'hui, pour le plaisir de tous.
Sonneur de l'église, Fernand Brendel était dans le même temps élève du centre d'apprentissage Sel-Soude de Saint-Nicolas-de-Port. (Il obtiendra un CAP de menuisier). Un accord sera vite trouvé entre le curé et le directeur du centre. Notre élève apprenti pourra, à chaque fois, aller sonner les enterrements. En 1945, son CAP en poche, il est embauché chez un menuisier de la ville et en candidat libre, il obtient un diplôme d'ébéniste. Puis très vite en 1947, à 19 ans, il s'installe à son compte. Cela va être une période intense de travail, partagée entre le clocher et l'atelier. En 1952, marié depuis peu, le jeune ménage s'installe dans l'ancien appartement de M. Toussaint, rue de la Paroisse, à proximité immédiate de l'église. Son épouse, Louise, va pouvoir sonner l'angélus et soulager ainsi le travail de son mari.
Après le curé Édouard Chatel (1937-1943) et le curé Charles Beaucourt (1943-1951), arrive en l'année 1951, M. le curé Paul Chéry. C'est sous son ministère en 1954, que les deux clochers vont entrer dans la modernité et seront dotés d'une installation électrique, pour les huit cloches de la tour nord, son carillon et le bourdon de la tour Saint Pierre. On en profita pour électrifier la sonnerie de l'angélus et également celle des heures, qui ne fonctionnait plus, depuis le (hors-service) de l'installation de l'horloger Lamontagne en 1940.
C'est l'entreprise de Nancy Gény qui fut chargée de ce travail très important. Pour cela, une armoire comprenant tout l'appareillage électrique nécessaire fut installée au même endroit que l'ancien carillon. Chaque cloche étant pourvue d'un appareillage avec un moteur relié à l'armoire de commande équipée d'un système ingénieux transformant le mouvement rotatif du moteur, en mouvement de va-et-vient de manière à ce que le moteur intervienne juste au moment voulu, comme autrefois le bras ou le pied du sonneur. Grand progrès pour lui, il ne montera plus à hauteur du clocher, tous les organes de commande des cloches, du carillon, de l'angélus et de la sonnerie des heures étant centralisés juste à coté de l'entrée de la tour, avec pour le carillon un clavier de huit touches relié électriquement à une sorte d'électro-aimant équipant chaque cloche. Le fait d'appuyer sur une touche, actionnant un marteau venant frapper le bord extérieur de la cloche immobile. En continuité de Gény, c'est la maison Chrétien de Jarville qui encore actuellement, assure de façon très suivie l'entretien de ces installations. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur Louise Brendel, va donc pouvoir encore aider d'avantage son artisan de mari, en sonnant les enterrements et aussi tout ce qui pourra permettre de le déranger le moins possible dans son travail. Les années vont se poursuivre de la sorte et aussi pour le curé Chéry, qui après toutes ces années de travaux de réfection du désastre et de modernisation des cloches, aura beaucoup à faire, pour la remise en ordre de son église. Il décédera au cours de l'année 1965.
Son successeur, M. l'Abbé René Hinzelin, débordant d'activités durant les premières années de sa charge, sera très vite frappé par la maladie et sera contraint d'arrêter son ministère en 1971. Hospitalisé très longtemps, après plus de vingt ans de souffrance, il s'éteindra à l'hôpital de Bayon le 11 juin 1992 et sera inhumé dans son village natal de Haussonville.
C'est ainsi que M. l'abbé François Devienne, appelé à remplacer le curé Hinzelin, arrivera à Saint-Nicolas dès 1972. Ayant un spiritualité profonde, il va se consacrer dans la basilique à sa vocation sacerdotale et au dehors, au désir de servir. Attentif à la population de la ville, il ira visiter chaque nouvel habitant. Il y aura au presbytère des cours sur la bible qui seront très suivis. En accord avec les chantiers lancés par l'évêque, Monseigneur Bernard, M. le curé Devienne, après le départ des sœurs Saint Charles de l'hôpital et afin de pouvoir, dans une certaine mesure, les remplacer dans l'assistance auprès des malades, sera l'initiateur de l'aumônerie qui se formera de la sorte avec des bénévoles. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur En 1983, arrive le legs de Camille Croué-Friedman, qui avait été annoncé dès 1980. Elle destinait l'essentiel de sa fortune, « pour reconstruire et entretenir la basilique de Saint-Nicolas-de-Port », sa ville natale, « pour qu'elle retrouve sa beauté originelle ». Cela avait été reçu avec beaucoup de joie. Mais l'église transformée très rapidement en un énorme chantier, avec évidemment l'afflux de visiteurs curieux, venant vérifier au fur et à mesure l'avancement des travaux de restauration de l'édifice et, aussi suite à ces événements, le fait immédiatement constaté : une relance indéniable du pèlerinage d'hiver de la Saint Nicolas, amenant des pèlerins de plus en plus nombreux, venus souvent de très loin qui se compteront bientôt en milliers.
Bien sûr, tout cela va poser des problèmes, il faudra donc mettre en place une organisation, pour gérer toutes ces complications apportées dans le déroulement habituel du ministère de notre curé, ce qui lui donnera bien des soucis. Néanmoins, tout en restant fidèle à sa ligne de conduite, il sera toujours vigilant sur la progression des travaux de restauration de la basilique et en particulier attentif, pour les pèlerinages du Lundi de Pentecôte et de la Saint Nicolas d'hiver.
Ce qui avait été fait pour une aumônerie à l'hôpital, le curé Devienne en fera de même pour le Secours catholique. Le responsable local, M. Gérardin, âgé et en mauvais état de santé ne pouvant plus continuer ce bénévolat, et M. le curé ayant sans doute remarqué que j'étais devenu depuis peu retraité, me demandera plusieurs fois si j'accepterais de le remplacer, ce que je ferai le 1er octobre 1986, Les besoins étant pressants, il me donnera une certaine somme pour alimenter ma caisse. Arrive 1987, l'abbé François Devienne après quinze années de ministère bien remplis, quitte Saint-Nicolas pour la zone urbaine sensible de la Croix de Metz à Toul, où il va pouvoir encore servir et aider les autres pendant une dizaine d'années. Puis ce sera l'heure vraiment de la retraite à Saint Pierre Fourrier et depuis peu....elle continue pour le Père Devienne à la Maison de l'Asnée.
Le successeur du Père Devienne, M. l'abbé François Georges, curé de Liverdun de 1976 à 1987, sera nommé recteur de la basilique et curé de Saint-Nicolas-de-Port le 8 septembre 1987. Ayant une forte personnalité, avec un abord franc et direct, sa grande simplicité le rendra rapidement disponible et ouvert à tous. D'origine nancéienne, dès son enfance, il avait été amené à faire de fréquents séjours à Liverdun chez un grand père qui était boulanger. Il se forgera de la sorte des amitiés profondes dans cette commune, dont il sera en outre le curé pendant 11 ans, et qu'il quittera d'ailleurs avec regret. A son arrivée à Saint-Nicolas, une amie d'enfance, Melle Jacqueline Lacoste de Liverdun, était venue pendant un bon mois pour l'aider à s'installer et, fidèle dans son amitié, elle prendra de son temps, une journée ou deux, presque chaque semaine, pour venir s'occuper à entretenir pour le mieux ce grand presbytère.
Pour le curé Georges, le chantier de l'église en pleine restauration à son arrivée ne rendra pas facile la célébration des messes et grandes cérémonies, car on peut dire qu'il y aura toujours dans un endroit ou dans un autre un grand échafaudage et il faudra attendre la fin de la rénovation des deux dernières travées du collatéral nord, presque à la fin de 1993, pour voir enfin ce dernier obstacle déposé. Mais, cependant, la procession de cette même année, le samedi 4 décembre, avec une affluence record, se fera dans une basilique pas encore totalement dégagée. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur On remarque depuis quelque temps, la présence dans la basilique d'une nancéienne dont j'ai pu saisir le nom : Mme Bernadette Labadie, qui prend des photos venant de la lumière que filtrent les verrières et qui se pose sur les piliers, le dallage, les bancs. Cela donne d'étonnantes et superbes photos.
Photographies placées ici avec l'aimable autorisation de Mme Bernadette LABADIE © Mme Bernadette LABADIE, tous droits réservés Cliquer pour voir les images en vraie grandeur D'esprit pratique et ordonné, notre curé fera de tel sorte que tout se passe pour le mieux. Ainsi il obtiendra que les travaux restant à effectuer dans la basilique après la fin des grands échafaudages, afin de ne pas perturber les cérémonies, ne soient entrepris qu'après les fêtes de la Saint Nicolas d'hiver et de Noël. Il demandera plus d'une fois, que ce soit dans les réunions de chantier de la basilique auquel il participait souvent, ou à la commission de gestion du legs, « le remplacement des vieilles chaises ». Son insistance sera récompensée par une commande de 500 chaises, dont plusieurs modèles seront présentés, ce qui lui permettra de définir après l'avis de ses paroissiens son propre choix.
Il fera déplacer la charpente de l'ancien campanile, qui avait été remonté en exposition près du grand bénitier, ce qui était un embarras évident lors des grandes processions et lui trouvera un autre place au premier niveau de la tour Saint Pierre. Il s'inquiétera à plusieurs reprises des détériorations causées par les pigeons, « qui entrent dans la basilique comme dans un moulin », et demandera instamment et avec force voix « que l'on y mette fin une fois pour toutes ». Toujours attentif, il s'informera pour savoir, « où est passé la belle grille de la chapelle Sainte Anne disparue en 1940 ». De même il en sera pour, « où à bien pu passer la plaque rappelant la mémoire d'un prédécesseur illustre : l'abbé le Bègue de Girmont ».
Comme cela avait été pour le père Devienne, le chantier de la basilique apportera bien des soucis et désagréments à M. le curé Georges dans l'exercice de son ministère, mais il agira toujours au mieux. C'est ainsi qu'une fois l'église débarrassée de ses encombrants échafaudages, il innovera de façon heureuse pour la petite messe du dimanche, en la déplaçant dès la bonne saison venue, de la chapelle d'hiver, à la chapelle Sainte Anne de la basilique, qui avait été certainement choisie pour son absence de grille... disparue en 1940. Dans le grand silence matinal souvent ensoleillé de la basilique, cette petite célébration sera très appréciée par les habitués.
Les cours de la bible continueront à avoir autant de succès et le curé Georges les élargira avec des réunions à thème religieux qui se feront en soirée au presbytère ou dans les salles paroissiales et, qui laisseront souvent place à d'autres sujets qui pourront y être débattus. Conciliant, certes, il le sera, mais dans une certaine mesure. Ainsi il me laissera faire dans la basilique une petite exposition sur : « Sainte Marie Madeleine et la sainte Baume ». Dans cette présentation Marie Madeleine étant suivant la tradition provençale « une seule et indivisible », j'aurai un (retour) de M. le curé qui m'offrira un livre : « Les Trois amies de Jésus », avec un petit mot en dédicace. Au cours de l'année 1994, je pourrai encore faire une exposition (déjà) sur « Les cloches de la Basilique » et « Un peu d'histoire : les cloches dans le monde » C'est justement à cette époque que l'installation électrique de notre sonnerie sera encore modernisée avec une horloge à commande électronique. A la suite de réclamations de certains portois se plaignant d'être réveillés de trop bonne heure, le curé Georges, (on peut le dire accommodant), leur accordera une heure de sommeil supplémentaire avec une nouvelle programmation de l'angélus : 7h05 – 12h05 – 19h05.
M. l'abbé François Georges qui se consacrait tout au long de l'année à la charge de son ministère, avec en plus cette attention permanente sur les travaux de restauration de l'église, n'en appréciait pas moins, les moments de détente. Ainsi cette invitation qu'il m'avait faite de nous emmener avec mon épouse et Melle Jacqueline en voiture à Clairvaux, assister à un spectacle de nuit en pleine nature, avec en tête d'affiche, l'acteur Michel Lonsdale. Cette équipée de plus de 200 kms, nous avait fait rentrer très tard... bien après minuit. Il lui arrivait aussi de prendre un temps de vacance avec sa voiture et de participer aussi à la sortie d'une journée organisée par la paroisse et celle de l'association Basilique. Dans le cadre du jumelage de notre paroisse avec celle de SAN NICOLA VESCOVO de San Salvo, une trentaine de personnes avec à leur tête le Père François Georges, étaient partie fin avril 1994 pour un voyage d'une semaine passant par Rome et le pèlerinage à Bari sur le tombeau de saint Nicolas. Et bien sur, il y avait chaque année où presque, « La soirée de juin autour de notre curé » dans la cour du presbytère près des jardins, avec des agapes qui se terminaient très tard dans une ambiance joyeuse.
1994, une année chargée en cérémonies, où M. le curé Georges aura encore beaucoup à se dépenser. Dès janvier on s'active aux dernières finitions du nouvel orgue, qui avec sa construction, la restauration du buffet et le renforcement des supports rendu nécessaire par le poids du nouvel appareil, près de 7 tonnes, aura prit beaucoup de temps à se concrétiser. Le lundi de Pentecôte 23 mai, (enfin), c'est plus de 1500 fidèles, qui assistent à la bénédiction des grandes orgues par Mgr Jaeger et après la procession au concert donné par nos organistes, Sylvain Lauvergnat et Pierre Cortellezi .C'est aussi la création d'un plateau de bois parqueté dans le prolongement du chœur où sera implanté le nouvel autel. Le mois suivant, la nouvelle sonorisation est installée et la réalisation du nouvel éclairage se poursuit. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur Inauguration de l'orgue présidée par Mgr Jaeger le 23 septembre, avec plus de 2000 personnes, l'instrument étant aux mains de Olivier LATRY, organiste titulaire de Notre-Dame de Paris, avec une très belle improvisation sur la légende de saint Nicolas et des trois enfants. C'était en même temps l'inauguration de l'éclairage de la basilique, remarquable réalisation due à l'artisan électricien local André Chery. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur L'affluence année après année, d'une foule de plus en plus nombreuse venant participer à la fête de la Saint Nicolas d'hiver, obligera notre curé à prendre pour le pèlerinage du samedi 3 décembre une initiative intéressante « A titre expérimental, les enfants de la paroisse sont invités à reporter leur propre procession, le dimanche 4 décembre à 14 h, afin d'alléger celle du samedi soir de plus en plus suivie par les adultes et dont l'organisation est chaque année de plus en plus difficile ». La cérémonie réservée aux enfants sera parfaitement réussie et suivie par au moins 250 enfants et autant de parents.
La mise en place pour Pâques 1996 du nouvel autel et sa consécration arrêtée au lundi de Pentecôte 27 mai à 15h, vont faire de l'année 1995, une année presque entièrement tournée vers et pour la préparation de cette grande fête. Les abords de l'église seront dans la mesure du possible améliorés et pris en charge par les services de la ville. Dans la basilique, on s'activera à terminer les derniers petits travaux et à tout préparer pour ce Grand jour.
C'est ainsi que vers la fin août, M. le curé me demandera, si je pouvais aider la sacristaine Melle Thérèse Vautrin, qui, voyant se rapprocher les dates annoncées, s'était attaquée au nettoyage et à la peinture des grilles des chapelles latérales, qui, après 12 années de travaux, étaient dans un état lamentable qui ne cadrait plus du tout avec la blancheur retrouvée de la basilique. Ce travail nous demandera plus de deux mois d'efforts avec des journées très suivies, tant ces grilles avec leurs entrelacements étaient difficiles à dérouiller et, M. le curé, venant voir l'avancement de notre « chantier », nous apportait la peinture au fur et à mesure des besoins. Les nouvelles chaises seront mises en place pour la Saint Nicolas d'hiver.
Il y aura encore une foule énorme pour la cérémonie traditionnelle du samedi 2 décembre 1995, avec des cars venant de très loin. Elle sera présidée par Mgr Bernard, heureux de retrouver un peu de son diocèse. L'occasion pour notre curé de renouveler son initiative avec la procession des enfants et parents du dimanches après midi. Celle-ci amenant en plus des enfants d'autres paroisses, sera encore plus réussie. « Elle deviendra habituelle. »
A noter tout spécialement venant de l'association Basilique, toujours en pointe pour faire connaître encore mieux notre basilique, sa nouvelle initiative : Les concerts d'orgue en août. Avec ces quatre premiers concerts en 95 : 600 à 700 cent personnes ont assisté à chaque concert gratuit.
Les premiers mois de 1996 vont passer très rapidement à achever la préparation de cet exceptionnel lundi de pentecôte et l'on remarquera la présence plusieurs fois répétée de M. L'abbé Jean-Louis Jacquot curé de Conflans en Jarnisy venu peut-être apporter une aide pour la mise en place du rituel et cérémonial imposé pour la consécration de ce nouvel autel. Tout début avril, on constatera l'absence de M. le curé sur lequel circulera des bruits de maladie et au cours de l'assemblée général de l'association Basilique en mairie le 27 avril, Mgr Jaeger souhaitera un prompt rétablissement à M. le curé Georges qui est en maison de repos.
Mais le lundi de Pentecôte 27 mai, notre curé, encore convalescent, heureusement sera là, pour participer en tant que recteur de la Basilique à cette célébration exceptionnelle. Et dans la Gargouille n°25, bulletin de liaison de l'association Basilique, Marcel Thiriet en avait fait la présentation et les commentaires : Solennité exceptionnelle, présidée par Son Eminence le Cardinal Jean Marie LUSTIGER, Archevêque de Paris, membre de l'Académie Française, en présence de Monseigneur Jean Paul JAEGER, évêque de Nancy et de Toul, Primat de Lorraine, Monseigneur Marcel HENRIOT, évêque de Verdun, Monseigneur Jean BERNARD, Monseigneur Robert NOISETTE, et de nombreux prêtres du diocèse. Église comble, 3000 fidèles peut être, recueillis et enthousiastes.
« Dans cet édifice, on est venu prier de tous les coins de l'occident », rappelait le Cardinal, évoquant aussi largement le souvenir et la générosité de Madame CROUE-FRIEDMAN en lui exprimant toute notre gratitude.
Le déroulement de la cérémonie était réglé par une organisation minutieuse; les gestes de la dédicace de l'autel sont remarquablement significatifs : bénédiction de l'eau, aspersion des fidèles et de l'autel, déposition des reliques de martyrs dans la pierre, comme au temps des premiers chrétiens qui célébraient l'Eucharistie sur le tombeau de leurs martyrs. Il s'agit ici (nous appartenions à l'archevêché de Trèves) de reliques des martyrs assassinés à Trèves en 304, comme à Tibéhirine en 1996. Puis, l'onction avec le saint chrême, que le Cardinal complète en dessinant le chrisme au centre de la table, puis l'encens qu'il enflamme aux angles et au centre. Viennent enfin la parure et l'illumination de l'autel... Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur C'est ensuite la célébration eucharistique, mais nous n'oublions pas que ce jour est aussi celui de la Saint Nicolas d'été, laquelle ne saurait se clore sans la procession traditionnelle de notre relique avec le sire de Réchicourt, sainte Jeanne d'Arc et un contingent renforcé de pages, tandis que l'abbé LEREBOULET et son excellente chorale conduisaient le célèbre cantique. Le Te Deum terminait la cérémonie, suivie pour, les fidèles qui le désiraient, de la vénération de l'autel et de l'imposition de la manne.
Cet événement religieux en pays laïque n 'a pas été sous-estimé, grâce sans doute à la présence du Cardinal et à son puissant impact sur les médias. Il est rare en effet que le sanctuaire national de la Lorraine et son saint patron bénéficient d'une aussi large diffusion dans l'opinion. Plusieurs paroles de Son Eminence ont même été relevées dans les journaux : « L'Eglise, c'est d'abord nous tous rassemblés et non pas ces pierres »... « Cette basilique, comme toutes les églises, est une fenêtre ouverte vers l'Eglise invisible, plus grande que ce que les hommes peuvent concevoir ; le Christ lui même... »... « Le plus bel instrument de musique est mort, s'il n'y a personne pour le faire résonner. C'est pareil pour cette église. On comprend, dès lors, comment elle peut mourir. La dédicace de l'autel n'est pas une inauguration comme les autres. C'est une mission pour vous et les générations montantes... » Encore un « Grand jour de Saint Nicolas » aurait écrit BADEL.
Les concerts d'orgue en août de cette année 96 ont amené plus de 4000 mélomanes à la basilique, confirmant le succès de l'année précédente, avec à chaque concert une participation supérieure à 500 personnes.
A la fin novembre, (mauvais signe en ce qui concerne la poursuite de la restauration Croué-Friedman) nous avons vu disparaître les échafaudages de la façade, ainsi que la baraque de chantier de l'entreprise Hory-Marçais. Les quelques pierres anciennes qu'elle conservaient précieusement ont été replacées dans le chantier F.L.B.
Quelque jours plus tard, 6 décembre, jour de fête de saint Nicolas, à Nancy, Marcel Thiriet, dans le cadre des conférences dites « hors les murs », de l'Académie de Stanislas avec pour thème, Saint Nicolas : Un Rayonnement Universel, invitait ses auditeurs à la fin de sa conférence, à venir le lendemain samedi à 20h30 à la basilique, vous y verrez disait-il : Qu'il y a de la ferveur, mais aussi de l'allégresse, et vous verrez aussi que notre saint patron sait encore rassembler dans la joie, comme on le chante avec enthousiasme, « ses vieux amis, les enfants des Lorrains ». Et de fait, présidé par Mgr Jaeger, toujours fidèle, accompagné du curé François Georges et de nombreux prêtres, la cérémonie traditionnelle de ce 7 décembre 96, avec la procession du sire de Réchicourt, rencontrera son succès habituel.
Alors que l'on espérait pour M. le curé, une amélioration de son état de santé, on apprendra en janvier que, très fatigué, il est dans l'obligation de se faire aider. C'est ainsi que le dimanche, c'est son frère Antoine, curé de Fléville, qui se chargera de la messe matinale De même la célébration dominicale, sera assurée le plus souvent par le vicaire épiscopale Pierre Galloy. Quand aux autres cérémonies : baptême, mariage, enterrement, c'est depuis le presbytère avec le téléphone, que à chaque fois on cherchera à trouver un prêtre disponible. Le temps va passer de la sorte et l'on va suivre avec peine les difficultés croissantes de notre curé à vouloir quand même, malgré tout, assurer les petites messes de la semaine dans l'abside de la basilique.
Le lundi de Pentecôte 19 mai 97, M. le curé Georges est présent à la cérémonie présidée par Mgr Jaeger, mais dans les semaines qui suivent, on remarque son absence. On apprendra par la suite que, très éprouvé, il est parti se reposer chez des amis. Puis début juillet, de manière précipitée, il entre à la Maison de retraite des prêtres Saint Pierre Fourrier. C'est là qu'il va passer les derniers instants de sa vie et s'éteindre le dimanche 24 août 1997. C'est la foule qui, le 28 août, assistera à ses obsèques dans la basilique, afin de témoigner par sa présence et sa ferveur du grand regret de perdre un homme que tout le monde aimait. M. le curé François Georges ; suivant sans doute ses dernières volontés, sera inhumé dans le cimetière de Liverdun, dans une ancienne tombe portant entre autres dans son épitaphe : où ont été transportés les restes mortels de ces respectables prêtres qui ont exercé le saint ministère dans cette commune de Liverdun . Leur vertu les ont fait aimer de Dieu et des Hommes. Qu'ils reposent en paix. Cliquer pour voir les images en vraie grandeur Durant ce temps d'inquiétude, puis de tristesse de la communauté paroissiale, ce qui « gravite autour de la basilique » a normalement continué à fonctionner. Des échafaudages se sont élevés sur deux pans du chevet coté nord est, pour la continuation des travaux comportant la pose prévue de 14 nouveaux éléments en vue de la restitution de la balustrade. En commémoration du centenaire du bourdon le 7 juin 1897, une exposition de l'association basilique s'est ouverte dans la basilique montrant en une douzaine de panneaux, tout ce qu'il faut savoir sur l'art campanaire et les cloches de notre église. Quatre collectionneurs privés, accompagnant cette exposition avec environ 1000 cloches, et bien sur aussi, ma satisfaction personnelle de voir tout cet intéressement envers les cloches. Le 18 août, pour les journées Mondiales de la Jeunesse, la basilique heureusement débarrassée de ses chaises a accueilli les 2000 jeunes que le diocèse avait réuni avant leur départ pour Paris, et les cinq concerts, Orgues en août de l'association basilique, ont eu un énorme succès.
La Saint Nicolas d'hiver, présidée par Mgr Jaeger, a eu lieu le samedi 6 décembre et on a aperçu dans la procession le futur recteur de la basilique, qui on le sait depuis quelque temps, par une annonce dans un journal, (paraît-il) serait déjà nommé : M. l'abbé Jean-Louis Jacquot. Etait-ce un présage ? Rappelez-vous, on avait remarqué sa présence dans la basilique lors des préparations de la cérémonie de consécration du nouvel autel. Effectivement, M. le curé doyen François Geoffroy au cours de la célébration dominicale du 18 janvier 1998, installera M. l'abbé Jean-Louis Jacquot : recteur et curé de la basilique de Saint-Nicolas-de-Port. Bien sur, il sera chaleureusement accueilli par la communauté paroissiale, ainsi que la délégation de Conflans-en-Jarnisy qui avait tenu à accompagner son regretté curé dans sa nouvelle paroisse.
Notre récit arrive à un tournant. Avec le recul que l'on avait, il était assez aisé de remonter le temps afin de rappeler et d'évoquer (entre autres) les souvenirs des seize prêtres successifs de notre paroisse, de Jean-Baptiste Henrion en 1802, à François Georges en 1997. Pour son successeur, M. l'abbé Jean-Louis Jacquot en ce début de son ministère, c'est qu'il va affirmer et exprimer sa réflexion sur l'ordonnance des célébrations eucharistiques et autres cérémonies liturgiques : Elles vont être amplifiées, magnifiées. Mais, c'est surtout dans la basilique, où on le verra déjà et souvent à l'œuvre : En artisan, sachant tout faire, de l'aiguille au marteau et à la truelle. Avec aussi sa volonté affichée de : Promouvoir le culte universelle de saint Nicolas et son pèlerinage. Tout cela va faire, que sa nomination de recteur va se révéler essentielle et on l'espère efficace et féconde pour l'avenir.
C'est aussi en ce début d'année 1998, la continuation des travaux de restitution de la balustrade sur les faces nord-est du chevet, mais qui se poursuivent très lentement, l'hiver n'étant pas, semble-t-il, une saison favorable pour ces travaux. Il en est de même pour l'aménagement du passage entre la basilique et la chapelle d'hiver. De toute façon, il faut se rendre à l'évidence, le montant du legs Croué-Friedman étant fortement amenuisé, le programme de travaux importants semble à présent terminé. L'installation des paratonnerres à été mise aux normes et des extincteurs en nombre suffisant ont été installés par la Municipalité. Mais la pression d'eau de la ville étant probablement insuffisante pour combatte un incendie à hauteur de la charpente, l'installation d'une colonne sèche est certainement nécessaire et primordiale.
Notre fête traditionnelle de la Saint-Nicolas d'été s'est déroulée le lundi de Pentecôte 1er juin sous la présidence comme chaque année de Mgr Jaeger. L'exposition annuelle de l'association Basilique sur le personnage de saint Nicolas à remporté un grand succès. Les 75 illustrations, pour la plupart jamais vues en France, sur les 11 panneaux installés dans la basilique, ont été observées avec attention par un nombreux public, apprenant que notre saint patron fut autre chose qu'une légende. Et l'orgue était toujours présent avec : 5 dimanches pour orgues en août.
Ce 5 décembre 98, c'était la foule des grands jours. Les pèlerins sont venus, parfois de très loin, honorer le saint patron des Lorrains. La cérémonie était présidée par Mgr Jean Vilnet, évêque émérite de Lille, ancien évêque de St-Dié. Il était accompagné de l'abbé Pierre Galloy, délégué pour la zone est du diocèse, de notre recteur Jean-Louis Jacquot et de quelque quinze prêtres venus célébrer saint Nicolas. La présence d'autres cultes fut remarquée, entre autres, celle du Père Hilarion Keim, aumônier des Ukrainiens orthodoxes pour le grand est.
Avec l'année 1999 qui arrive, il faut se faire une raison pour ce qui est de la poursuite des travaux de restauration. Ce qui reste du montant du patrimoine est maintenant surtout destiné à l'entretien de l'édifice, ce qui est explicitement prévu dans le testament de madame Croué-Friedman. C'est ainsi qu'après la restitution des éléments coté nord-est du chevet on démonte l'échafaudage pour le remonter dans le dernier pan, et il faudra attendre la pose de ces derniers, qui rejoindront l'un des deux qui subsistent contre la tourelle sud, pour voir enfin le chevet avec sa balustrade complètement restauré. Les travaux du passage entre la basilique et la chapelle d'hiver se poursuivent lentement. Le passage est actuellement fermé, mais quand les portes grilles seront posées, on pourra admirer le travail de la taille des pierres le long du contrefort de la tour Saint-Pierre. Un nouveau lustre à été posé comme il était prévu pour la Pentecôte, Il remplace celui qui avait été réalisé en 1974 par l'association Basilique avec du matériel de récupération. N'empêche ! Durant un quart de siècle ce vieux lustre a éclairé généreusement le chœur de l'édifice, illuminant indistinctement les célébrations et les concerts. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur Le thème de l'exposition 1999 de l'association Basilique était : De la Carrière à la clef de voûte, avec son extraction en carrière, à sa mise en place dans et sur la basilique avec toutes ses déclinaisons, comme gargouille, parement ou sculpture, en passant par toutes les phases de son façonnage et de sa transformation. Agrémentée d'une collection d'outils de tailleurs de pierre de M. Jacques Mangin et en collaboration avec l'entreprise France-Lanord et Bichaton, Elle a été appréciée par des milliers de visiteurs qui ont tout appris sur la pierre de la basilique. Ce même été, dans la chapelle d'hiver et son annexe, la Communauté Paroissiale présentait une : Une très belle exposition d'icônes, avec l'atelier Saint Nicolas des Lorrains, c'est-à-dire Pierre et Raymonde Hachet, Jacqueline Gauer, Eliane Divoux et Jacques Valentin.
Cette année, le festival : Orgue en août, a largement dépassé le seul mois d'août, proposant sept concerts, chaque dimanche du 25 juillet au 5 septembre, qui ont amenés plus de 4000 amateurs éclairés. Pour clore la saison musicale 99, 500 spectateurs ont entendu Schubert avec le Gradus Ad Musicam (150 exécutants) le 26 septembre. Le 3 octobre, 700 mélomanes ont applaudi le concert de voix avec orgue de la chorale de la Cathédrale de Strasbourg. Cette dernière manifestation, organisée par les Rotary-clubs de Nancy et de Saint-Nicolas-de-Port avec le concours de l'association Basilique, était donnée au profit de « SOS Villages d'enfants » de Jarville.
Les cloches ont sonné le vendredi 3 septembre à midi pour la venue de notre nouvel évêque. Bienvenue donc à Monseigneur Jean-Louis Papin, qui prend ainsi la tête du diocèse de Nancy et de Toul. Nous n'avions plus d'évêque depuis la nomination à Arras de Mgr Jean-Paul Jaeger.
Samedi 4 décembre : La Saint Nicolas d'hiver. Mgr Jean-Louis Papin la présidait pour la première fois, assisté du recteur de la basilique Jean-Louis Jacquot. Dans son homélie, notre évêque a souligné le rôle œcuménique de saint Nicolas, saint de l'église indivise. On remarquait aussi la présence de Mgr Joseph archevêque orthodoxe de la mission de Paris, du Père Salewicz vicaire général des Ukrainiens catholiques de France et du Père Keim aumônier des Ukrainiens de l'Est. La Grande foule, la lumière, les cierges, la procession au son du célèbre cantique, l'enthousiasme enfin, font de cette cérémonie une fête à la fois joyeuse et recueillie. Ambiance habituelle pour les portois, mais exceptionnelle et unique pour les visiteurs et pèlerins occasionnels.
Dimanche 26 décembre 1999 : La tempête du siècle à occasionné des dommages très importants sur la basilique, l'estimation des dommages étant de 5 millions de francs, couvert heureusement par une assurance. Avec une telle violence du vent (plus de 172 km/h relevé à Saint-Nicolas-de-Port et dans les tours probablement près de 200 km/h), plus de 300 m² d'ardoises se sont volatilisés, remplacés actuellement par des bâches. Sur le chemin de ronde on remarquait nettement, d'inquiétantes « ondulations » sur toute la couverture coté sud-ouest, avec en plus une multitude d'ardoises brisées ou déplacées, qui nécessiteront une reprise et un remaniement beaucoup plus important que les seuls 300 m² disparus. Dans le grenier, plusieurs assemblages de la charpente sont même sortis de leur mortaise d'origine. Le coq sur la tour nord, solidement rénové en 1980 avec son support de deux barres de fer de 5 cm de section, s'est replié (comme une simple feuille de papier) en éventrant la boule dorée. Ce pauvre coq pendait tristement, menaçant à tout moment d'endommager la toiture du bulbe. Des esprits facétieux ont fait remarquer que le coq gaulois s'était effondré, tandis qu'au sommet de la tour sud, la Croix de Lorraine avait vaillamment supporté le choc. Il faut dire que celle-ci a tout de même été ébranlée et semble pencher un peu vers le nord.
En cette fin d'année, l'association basilique dans la Gargouille N° 36 annonce : Envisagée depuis trois ans, la fonte de nouvelles cloches deviendra réalité les 1er et 2 juillet 2000. Le projet prévoit d'ajouter six cloches qui seront réalisées par la fonderie PACCARD de Sevrier-Annecy.
Mais, dans la Gargouille suivante début 2000, l'annonce est complétée : Ce sont en effet huit nouvelles cloches qui seront installées cet été dans la basilique, six s'ajoutant au huit du carillon de la tour nord, et deux autres placées dans le petit clocher de l'abside, pour, selon le souhait de M. le curé, être sonnées à la main.
Pour financer cette opération de plus de 600.000 F assurée en partie par l'association basilique, une souscription sera lancée. Elle amènera assez vite environ 30.000 F. Elle sera aussi grandement aidée par les COMPAGONS DU DEMI MILLENAIRE DE 1984, qui ayant dissous leur association, décideront d'une dévolution de biens en faveur de l'association basilique.
Saint Nicolas, le saint de l'eau et de la mer. C'est le thème retenu pour la journée su samedi 1er avril 2000, organisé par la Municipalité de Saint-Nicolas-de-Port....sur Mer, à laquelle participait l'association basilique. L'exposition, riche de onze panneaux illustrés de quelque 70 reproductions en couleur : icônes, peintures, sculptures, vitrail et orfèvrerie, était présentée dans l'ancienne chapelle de l'Assomption, rue Bonnardel. Elle a permis aux visiteurs de découvrir de nombreuses représentations peu connues de notre saint patron. Savait-on, par exemple, qu'il est présent dans la chapelle sise sur le fameux pont d'Avignon, de même que sur celui de Mâcon sur la Saône.
De l'intolérance à la paix civile et religieuse. A propos du quatrième centenaire de L'édit de Nantes (1598-1998), tel est le sujet d'une remarquable exposition présentée dans la basilique jusqu'au 30 mai. Installée à l'initiative de l'un des membres de l'association basilique, M. Jean-François Richard, cette exposition de qualité, retrace en 20 tableaux très pédagogiques, l'histoire de l'Eglise de France et le cheminement des idées religieuses : Catholicisme, Réforme, Protestantisme, depuis le baptême de Clovis en 498, jusqu'à la loi de séparation des Eglises et de l'Etat en 1905.
Le 31 mai, une quarantaine de portois se sont déplacés au siège de la fonderie PACCARD, pour assister à la coulée des huit nouvelles cloches. Accompagné du Père Jean-Louis Jacquot, nos portois ont ainsi pu découvrir tout le processus de la fabrication des cloches, guidés par M. Pierre Paccard, président de la société Paccard, créée par ses ancêtres il y a plus de 200 ans. Dès les premières gouttes de l'airain en fusion, notre recteur et curé a béni le métal et prononcer la prière rituelle suivante : Seigneur, Dieu tout puissant, tu donnes aux créatures même inanimées, l'honneur de servir à ta gloire. Nous t'en prions, répands ta bénédiction sur le métal qui coule maintenant du ruisseau de feu. Que ta main le dirige, que ta ferveur le protège. Qu'il soit parfaitement et exactement préparé pour la gloire et la louange de ton nom. Par Jésus le Christ, notre Seigneur. Amen. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur Après la coulée, les participants ont pu se faire photographier, auprès des huit cloches encore brûlantes et qui portent tous le prénom de leur marraine : JEANNE, MONIQUE, CAMILLE, HUGETTE, LOUISE, JACQUELINE, CLAUDE, et MARIA-GIULIA. Depuis, ces cloches ont été préparées pour être livrées fin juin et baptisées en la basilique de dimanche 2 juillet. Elles représentent au total 1800 kgs d'airain et elles seront installées en novembre prochain. Ce fut un voyage intéressant, émouvant et fort instructif pour l'ensemble des participants, qui ont découvert un aspect peu connu des traditions campanaires françaises. Avec une pensée spéciale pour : LOUISE, en hommage à Louise Brendel pour avoir dès 1951, aidé son époux en sonnant de manière suivie, les angélus et enterrements. Louise Brendel est décédée en novembre 96.
En cette année jubilaire 2000, le lundi de Pentecôte 12 juin accueillait 800 personnes pour le pèlerinage traditionnel, sous la présidence de Mgr Vilnet, évêque émérite de Lille, ancien évêque de Saint-Dié, qui était déjà venu présider la Saint Nicolas d'hiver du 5 décembre 1998.
Le 25 juin 1950, Sa sainteté Pie XII élevait notre église à la dignité de basilique. M. L'abbé Beaucourt, curé doyen de la paroisse, soutenu par Mgr Lallier étant à l'origine de cette demande, ainsi qu'il a déjà été dit plus haut dans notre récit. Cet élévation avait été solennellement célébrée le lundi de Pentecôte 1951. C'est Mgr Lallier, bien sûr, qui présidait la cérémonie au cours de laquelle avaient été bénis les deux symboles d'une basilique : le parasol et la clochette. Il était assisté des élèves du Grand Séminaire, conduits par leur supérieur Mgr Nicolas, du chanoine Dillon curé de Laneuveville-devant-Nancy et du chanoine Devaux curé de Dombasle, qui sans doute remplacaient le tout nouveau desservant de Saint-Nicolas-de-Port, M. l'abbé Paul-Maurice Chéry, qui venait d'être nommé le 25 juin, en remplacement du curé Beaucourt décédé le 31 mai 1951.
Dans le chœur avait prit place Mgr Picard de la Vacquerie aumonier général des troupes d'occupation en Allemagne, Mgr Délinet chancelier de l'évêché, le chanoine Kaltnecker, supérieur du Petit Séminaire, l'abbé Pol Rousselot ancien curé d'Ecrouves, aumonier militaire, ainsi que de nombreux prêtres des environs et plusieurs anciens vicaires de la paroisse.
Dans son homélie, Mgr Lallier félicita tout particulièrement les artisans des travaux de restauration : l'équipe des tailleurs de pierre, M.M. Gatchoux, Bluzat, Petit et les maçons de Antoni, Lafaille Schauer. Il félicita également, la chorale paroissiale dirigée par Melle Virginie Simon et salua la ligue féminine d'action catholique, l'Avant Garde Portoise avec son président M. Robert Gérard et soeur Euphémie de Saint Charles et ses Âmes Vaillantes
C'est le dimanche 25 juin 2000, que ce cinquantenaire a été célébré et à cette occasion au cours de la messe dominicale, un nouveau parasol à été béni afin de remplacer l'ancien qui, avec la clochette, avait disparu depuis longtemps. Nous avons donc aujourd'hui un superbe parasol, œuvre de notre recteur Jean-Louis Jacquot, aidé d'habiles bénévoles portois, qui est de nouveau dans le chœur et prendra bientôt sa place définitive avec la clochette, son rétablissement étant également prévu. Ainsi, si notre Saint Père, le Pape vient un jour nous rendre visite à l'improviste, nous pourrons l'accueillir avec les honneurs dus à son rang, car il faut connaître les « quatre honneurs » d'une basilique. Cliquer pour voir les images en vraie grandeur 1° La réception privilégiée du pape avec les moyens mis à sa disposition lors de sa venue.
2° Le Pavillon ou parasol destiné à protéger le pape et servant d'emblème à la basilique. Il s'agit d'un immense parasol dont l'armature de bois est recouverte de bande de soie aux couleurs alternées rouge et jaune. La partie supérieure se termine par un globe surmonté d'une croix. C'est le signe évident de l'honneur suréminent de l'Eglise. Il est placé sur le coté gauche du Cœur.
3° La clochette qui précède le parasol dans les cérémonies assure par son tintement la protection du cortège. Elle est placée à l'opposé du parasol, sur le coté droit du Cœur . 4° Les distinctions accordées au clergé : Le « recteur » est celui qui est à la tête de la basilique. Des marques particulières : armoiries, sceaux.......
Effervescence sur le terrain du Foyer L'Espace ce 1er juillet avec les coulées de cloches réalisées en public durant toute la journée, dont quelques-unes de la soixantaine qui seront diversement offertes ultérieurement par l'association basilique. Une exposition de 1000 cloches était présentée aux visiteurs, de même qu'un stand sur le musée de la cloche de Robécourt (88). Un carillon ambulant de 18 cloches, venu spécialement de Béthune (59) donnait une note d'ambiance campanaire, tandis que les philatélistes pouvaient ajouter à leur collection une enveloppe spécialement créé pour, l'événement et oblitérée d'un cachet daté du 1er juillet 2000. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur Le lendemain dimanche 2 juillet dans la soirée, plus de 600 personnes ont assisté au baptême des huit nouvelles cloches. C'est notre recteur qui a présidé la cérémonie, assisté du Père Ilarion Klein, archimandrite de la communauté ukrainienne orthodoxe de Metz, marquant ainsi la place de notre basilique dans l'œcuménisme. Et dans le petit livret de l'association basilique, Les Huit Nouvelles Cloches de L'An 2000, il est écrit justement par M. l'abbé Jean-Louis Jacquot, sur ce baptême : Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur C'est un usage qui remonte à l'antiquité de convoquer le peuple chrétien à l'assemblée liturgique et de l'avertir des principaux événements de la communauté locale par un signal sonore.
L'utilisation des cloches, comme signal sonore, pour scander la vie paroissiale, annoncer l'angélus, les messes, les baptêmes, les mariages, les décès et enterrements (le glas) est attribué, pour l'occident, à st Paulin évêque de Nôle, en Italie, au Ve siècle.
Par suite du lien étroit entre les cloches et la vie du peuple chrétien, la coutume s'est répandue de les bénir avant de les placer dans le clocher. Mais ce n'est qu'à partir du VIIIe siècle que l'on « baptise » les cloches et qu'on leur donne un nom, en raison du service qu'elles assurent en appelant à la prière ou en l'accompagnant de leurs sonneries joyeuses ou tristes.
Ainsi, la voix des cloches exprime-t-elle, en quelque sorte, les sentiments du peuple de Dieu, quand il rend grâce ou qu'il supplie, quand il se rassemble et manifeste de son unité dans le Christ.
Le rituel du « baptême » ou plutôt de la bénédiction des cloches auquel nous avons pu participer le 2 juillet en notre basilique, est d'une grande beauté.
Après l'écoute de la parole de Dieu et l'invocation des saints, les « parrains et marraines » ont proclamé le nom de chaque cloche.
Par l'aspersion de l'eau sainte et la grande prière de bénédiction, les prêtres ont ainsi consacré les cloches pour la « gloire du Seigneur et le service de l'église ».- La fumée de l'encens exprimant la prière de l'assemblée montant vers le seigneur.
A la suite des célébrants, chacun a pu faire tinter les cloches en signe de joie. Puissent nos nouvelles cloches, jointes à leurs sœurs aînées proclamer dans le ciel portois,, par leur humble service, la gloire de Dieu et de saint Nicolas ainsi que l'éminente dignité de l'homme.
Une plaque de bronze, apposée au pied de la tour nord, rappelle désormais cette création de huit cloches, réalisée à l'initiative de « Connaissance et Renaissance de la Basilique de Saint-Nicolas-de-Port », et soutenue par la générosité des « Compagnons du demi-millénaire de 1984 » et de nombreux donateurs. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur Dans le suivi de l'exposition 99 : « de la carrière à la clef de voûte », le thème de cette année était consacré à la « charpente ». Elle a été ouverte du 8 juillet au 30 septembre. Exploitation du bois en forêt, taille, conception, épure, mise en forme, assemblage, montage, bref tous les secrets des maîtres charpentiers ont été présentés avec le concours éclairé de Jean-Marie Chartreux, expert en la matière et dont les dessins ont été maintes fois appréciés des lecteurs de la Gargouille. Comme l'an passé, une collection d'outils de charpentier réunis par Jacques Mangin, a complété cette exposition qui faisait la part belle aux clochers, dont l'assemblage y était, bien sûr, largement détaillé.
En même temps, les huit nouvelles cloches étaient exposées tout à coté de cette exposition, leur mise en place n'étant prévue qu'en novembre, après le remplacement de l'installation électrique qui remontait à 1954, sous le ministère du Curé Chéry et aussi le montage du bâti appelé à supporter les nouvelles cloches. Cliquer pour voir les images en vraie grandeur Encore une belle saison musicale à la basilique en cet été 2000. Avec une moyenne de fréquentation qui frôle les 700 personnes par concert, l'Association Connaissance et Renaissance se sent encouragée à poursuivre et à progresser toujours dans l'élaboration de ses programmations musicale.
Rappel de la saison par Anne-Marie Tricarri.
Concerts : « d'ouverture » Avec Bernard Soustrot et Jean Dekyndt trompette et orgue du 9 juillet. « étonnement » Avec Karl Knöpflen et Helmut Freitag orgue à 4 mains et 4 pieds du 6 août.
« émotion » Marc Baumann et Elisabeth Lanore orgue et voix de mezzo-contralto du 13 août.
« respect » Pour Jean-Philippe Merckaert, très jeune et très talentueux « médaille d'or » du 20 août.
« convivialité » Pierre Cortellezzi, François Herbeuval, Régia Montréal, un public en foule le 27 août.
« clôture » De la saison musicale avec l'ensemble de cuivres de saint-Dié-des-Vosges le 24 septembre.
A noter que l'Association a prêté son concours et son savoir faire pour un concert avec le cœur des Garçons de Lorraine le (28 mai) au profit de l'Association pour la recherche sur la sclérose Latérale Amyotrophique (ARS),
Bien sûr d'autres concerts, extérieurs à l'Association Basilique, ont eu lieu, comme saint Nicolas de Benjamin de Britten (5 mai) organisé par la municipalité, deux organistes pour l'Association Ramongo (4 juin) et les frères Pradelles, prêtres chanteurs (9 juin).
Conséquence de la tempête, les travaux prévus pour une durée de 8 mois viennent de commencer à la fin de ce mois d'octobre. Deux échafaudages seront installés sur le haut des tours, « en passe barres » au niveau des bulbes. Les couvertures seront remaniées ainsi que celles des deux tours, un nouveau coq sera remis sur la tour nord et la croix de la tour sud sera consolidée. Tous ces travaux étant couverts par une assurance.
Les travaux habituels se poursuivent lentement, à tel point que le dernier pan du chevet avec la restitution de cette partie de la balustrade entrepris début 99, est toujours en cours, cependant on vient d'apprendre que les éléments de la balustrade déjà taillés et sculptés seront incessamment posés jusqu'à la tourelle sud, où ils rejoindront désormais les vestiges des éléments originels. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur Le 7 novembre, six cloches dénommées : Jeanne, Monique, Camille, Huguette, Louise, et Jacqueline, vont monter une à une, suspendue à un mince câble d'acier tiré par un treuil pour être positionnées dans le bâti déjà prêt à les recevoir dans le clocher de la tour nord et rejoindre de la sorte : Barbe, Georgette, Clémence, Josephine, Nicole, Marie, Agathe et Franceline, pour former un nouveau carillon de 14 cloches, pour le plus grand bonheur de notre sonneur carillonneur, qui va pouvoir encore améliorer la qualité de son répertoire musical. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur L'installation électrique, totalement remaniée sera pourvue d'un nouveau tableau de commande fixé sur le même emplacement que le précédent, mais doté d'un clavier de 14 touches pour le nouveau carillon, et recevant depuis un émetteur situé près de Francfort en Allemagne une heure codée, par des signaux de fréquence très stable de 77,5 KHZ, (d'où le nom DCF 77), qui dérive de l'horloge atomique au Césium, dont la déviation horaire est inférieure à une seconde par million d'années et dont la portée a un rayon d'action de près de 2000 km. Cela va être aussi pour les portois un petit avantage, car après les tintements des quatre quarts, toutes les heures, au « premier coup » de cloche, chacun pourra régler exactement sa montre.
Autres particularités, ce tableau de commande, (véritable ordinateur), va permettre d'innombrables combinaisons de programmation et mémorisation, protégées en outre par une batterie de secours en cas de panne de secteur, avec par exemple : La mise en mémoire des messes de la semaine, avec trois cloches pour celle de 11h et une seule pour la messe de 8h, ou bien encore, pour la messe dominicale, notre sonneur ayant l'habitude de faire à 9h une envolée de deux cloches, à 9h15 trois cloches et à 9h30, suivant sa fantaisie, cinq ou six cloches et même si lui en prenait évidemment le désir une envolée des huit cloches. Possibilité également de mettre en mémoire des dizaines d'airs musicaux, ce que ne manquera pas de faire, bien sûr, notre carillonneur. Enfin progrès supplémentaire, un second tableau de commande, pourra depuis la Grande sacristie avoir accès à toutes les combinaisons avec les envolées des huit cloches, sauf les mémorisations et le clavier du carillonneur. Cliquer pour voir l'image en vraie grandeur Compte-tenu de l'étroitesse du petit clocher de l'abside, de loin le plus ancien de l'église, il va falloir faire de la place pour les deux dernières de l'opération cloches de l'Association Basilique : Claude et Maria-Giulia, appelée à être sonnée à la main selon le souhait de notre recteur Jean-Louis, Jacquot.
Pour la compréhension, il faut rappeler quelque peu l'histoire singulière de ce clocher, le plus important à mes yeux, puisque dès 1508, il avait déjà reçu les deux premières cloches de l'église. Les suivantes ayant disparu lors de l'incendie de 1635 et les autres fondues pendant l'époque révolutionnaire.
Puis en 1808, trois cents ans après les deux premières cloches de 1508, le curé Jean-Baptiste Henrion qui n'avait pas beaucoup de moyens financiers, était arrivé à persuader la Municipalité de lui laisser la petite cloche d'appel du collège des jésuites et de la faire installer dans le petit clocher de l'abside pour sa facilité et grande utilité, tant pour la paroisse que la ville.
Quelque vingt cinq ans plus tard, une autre cloche, dont il est utile de rappeler les inscriptions : J AI ETE FAITE PAR THILLIER FONDEUR A NANCY LE 8 MAI 1832 JE PESE 310 A LA GLOIRE DE DIEU J AI ETE BENITE LE 28 JUILLET 1834 J AI EU POUR PR PARRAIN MR MASSON SUPERIEUR DU SEMINAIRE DE NANCY CY DEVANT CURE ET BIEFAITEUR DE SAINT NICOLAS ET PR MARRAINE MADAME LOUISE VEUVE DE LA RUELLE NEE DE VAUCOUR RENTIERE A NANCY........ était venue rejoindre la cloche des jésuites.
En 1856, M. le curé le Bègue de Girmont, obtiendra de la Municipalité l'autorisation de faire refondre la cloche des jésuites et avec l'apport du métal (57 kgs), une plus grosse cloche de 179 kgs pour la somme de 746 frs fut fondue, avec dans son inscription : J'AI EU POUR PARRAIN M JULES DESLOY ET POUR MARRAINE FELICIE LEVEQUE PERRIN MARTIN ROBECOURT. Ce qui avec deux cloches sensiblement de même importance en poids améliora nettement la sonnerie de ce petit clocher.
Enfin, le 19 juin 1940, suite au duel d'artillerie qui avait frappé l'église provoquant d'énormes dégâts, le petit clocher avait été touché lui aussi par un obus occasionnant un énorme trou dans la plus petite des deux cloches, celle qui avait été fondue en 1832 et bénie le 28 juillet 1834, la seule qui était encore en activité en 1939. Souvenez-vous de cette petite gagatte qui sonnait les messes matinales et celle du dimanche à 11 heures « la messe des hommes » et bien, elle va être descendue pour laisser la place aux deux suivantes. C'est pourquoi chacun peut à présent la voir tous les jours avec son énorme trou et même l'examiner de près, depuis qu'elle a été déposée comme un simple objet....sur le sol de la chapelle Sainte Marguerite.
Claude et Maria-Giulia vont donc être installées et à l'égale de la cloche des jésuites qui avait été refondue et augmentée en poids en 1856, mais qui n'était plus sonnée depuis assez longtemps, les trois seront munies de longues cordes sortant de la voûte et descendant en forme d'éventail pour s'accrocher à des dossiers de stalle de l'abside Cliquer pour voir les images en vraie grandeur
Puisse se décrocher de temps à autre les cordes de ces nouvelles gagattes, afin de les entendre à nouveau comme en avait l'habitude, les portois d'autrefois.
Gais carillons lancés à toute volée, ou morne glas des deuils et des peines...
Sonnailles faisant vibrer gaiement l'air vif des hautes cimes...
Lugubres appels d'angoisse à travers la brume...
Inflexibles rappels de l'heure pour le travail ou pour l'étude...
Angélus planant sur la mer dorée des moissons ou se glissant dans d'étroites vallées...
Les cloches de tous genres, de toutes tailles, de tout lieux, si beaucoup se sont tues aujourd'hui, ont pris jadis une part active à la vie de nos aïeux.
Terminé ce 14 juillet 2009 à Saint-Nicolas-de-Port dans ma 90ème année Louis Berton
SOURCES Ouvrages les plus consultés
PIERRE MAROT SAINT-NICOLAS-DE-PORT LA GRANDE EGLISE ET LE PELERINAGE . BERGER LEVRAULT 1963
CONNAISSANCE ET RENAISSANCE DE LA LA BASILIQUE DE SAINT NICOLAS EN LORRAINE BASILIQUE DE SAINT NICOLAS DE PORT RUBBRECHT MAXEVILLE NANCY 4° T. 1979
CONNAISSANCE ET RENAISSANCE DE LA LA GARGOUILLE BULLETIN D'INFORMATION BASILIQUE DE SAINT NICOLAS DE PORT DE L'ASSOCIATION
EMILE BADEL LES GRANDS JOURS DE SAINT-NICOLAS-DE-PORT REPRISE DE L'EDITION DE 1931 N° 160 5 FEVRIER 1998
MONSIEUR L'ABBE BASTIEN NOTES HISTORIQUES SUR SAINT NICOLAS DE PORT SON EGLISE LE CULTE ET LES RELIQUES DE SON SAINT PATRON 1870
ABBE EDOUARD GERARDIN DE LES GRANDS PELERINAGES DE FRANCE SAINT NICOLAS DE L'ACADEMIE STANISLAS A NANCY PORT EN LORRAINE LIBRAIRIE LETOUZEY PARIS 1928
L'ABBE J. F. DEBLAYE PILLAGE ET INCENDIE DE SAINT NICOLAS DE PORT MEMBRE DE L'ACADEMIE DE STANISLAS 4 – 11 NOVEMBRE 1635 LIBRAIRIE FREISZ SAINT-DIE 1872
AUTEUR ANONYME LES CLOCHES DE SAINT NICOLAS DE PORT IMPRIMERIE CREPIN-LEBLOND NANCY 1896
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