HISTOIRE

DU CARILLON DE LA BASILIQUE

DE SAINT-NICOLAS-DE-PORT



Après le désastre du 11 novembre 1635, au cours de la Guerre de Trente Ans qui avait vu la disparition de nos cloches ainsi que les suivantes fondues lors des événements de la révolution de 1789, il ne restait au concordat de 1802, à l'arrivée du Premier curé nommé à Saint-Nicolas-de-Port, qu'une seule cloche, qui de plus était fêlée. Sortant de l'époque révolutionnaire et malgré les difficultés de sa charge, le vénérable abbé Jean-Baptiste Henrion put acheter en 1808 une cloche provenant de l'abbaye des Prémontrés de Domèvre-sur-Vesouze, qui resta seule dans la tour nord jusqu'en 1853.


Cinquante ans plus tard, Charles le Bègue de Girmont « personnage hors du commun », sera tellement généreux pour son église et sa paroisse, qu'il est le seul curé de Saint Nicolas à avoir une plaque offerte en 1884 par ses anciens paroissiens reconnaissants. Elle se trouve à hauteur de la chapelle Simon Moycet. C'est ainsi que parmi toutes ses actions, le Journal de la Meurthe dans son édition du 29 avril mentionnait par ces courtes lignes : « Le 24 avril 1853, on apercevait sur une des tours de l'église de Saint-Nicolas-de-Port, un drapeau vert qui annonçait la bénédiction de quatre nouvelles cloches d'un poids de 4200 kilogs, fondues par le sieur Perrin-Martin, de Robécourt  (Vosges) ». Les dénommées : JOSEPHINE, BARBE, CLEMENCE et GEORGETTE.


Le temps passe.... Le 13 septembre 1889, le milieu paroissial de Saint Nicolas accueille son nouveau curé, Edmond Carrier, qui va se dépenser sans réserve dans son ministère et saura employer merveilleusement les ressources nombreuses qu'il arrivait à recueillir çà et là. Dès son arrivée, en se renseignant sur la sonnerie, quatre grosses cloches dans la tour nord et deux plus petites dans le clocher de l'abside, il affichait là, ses intentions premières : faire installer un nombre plus important de cloches, afin de doter l'église d'un carillon digne de son importance. Notre curé devra s'armer de patience et attendre plusieurs années avant que des circonstances plus favorables se présentent. Pour le reste, il fera très vite preuve de ses capacités et de son dynamisme. Pour vous donner une idée de la célérité qu'il avait à trouver l'argent nécessaire pour tout ce qu'il entreprenait, voici ce qu'il écrit à ses paroissiens en février 1892 : « M. Le curé fait un nouveau appel à votre charité pour l'achèvement du pavé de notre basilique, pour lequel il faut une somme de dix mille francs. Il espère que tous voudront y contribuer et donner aussi largement que l'an dernier. Pour donner à tous une égale marque de sympathie, M. le curé ira lui même recueillir la souscription à domicile, en commençant cette semaine. Il pourra consacrer deux mois à cette visite ».


En 1895, décédait à Saint Nicolas Mademoiselle Agathe Desloy qui avait passé les années de sa vie à s'occuper de son église. En mourant, « intuition » ?, elle avait légué une forte somme pour faire quatre nouvelles cloches devant s'ajouter à celles de la tour. Le voeu d'Agathe Desloy fut exaucé dans la foulée dès 1896 par le pressé curé Carrier. « C'est le fondeur de Nancy Jules Robert qui fût choisi et ces

quatre cloches, qui avaient été coulées avec le métal de vieux canons réformés de 1819, mélangés avec du célèbre étain « Banca », furent transportées à Saint Nicolas et bénites le dimanche de Quasimodo 12 avril 1896, le jour même où la ville inaugurait la statue de Jeanne d'Arc obtenue avec le concours d'Emile Badel et dotée par M. William John Machay de New York ». C'est ainsi que : MARIE, NICOLE, FRANCELINE, AGATHE, en s'ajoutant à JOSEPHINE, BARBE, CLEMENCE et GEORGETTE, vinrent compléter le carillon tant désiré. C'était le but entrepris par Charles le Bègue de Girmont et enfin atteint par Edmond Carrier.


Une centaine d'années après, en l'an 2000, sous le ministère de M. le recteur Jean-Louis Jacquot, l'association Basilique, appuyée de souscripteurs privés et des Compagnons du demi millénaire de 1984, lancera « l'Opération cloches », destinée à renforcer de façon notable le carillon. Le 7 novembre 2000, six cloches fondues par la société Paccard de Sevrier-Annecy, les dénommées : JEANNE, MONIQUE, CAMILLE, HUGETTE, LOUISE et JAQUELINE, vont monter une à une, suspendue à un câble d'acier, et rejoindre dans la tour nord : MARIE, NICOLE, FRANCELINE, AGATHE, JOSEPHINE, BARBE, CLEMENCE et GEORGETTE, pour former un nouveau carillon de 14 cloches, pour le plus grand bonheur de notre carillonneur Fernand Brendel, qui pourra de la sorte améliorer son répertoire musical, et bien sur aussi : pour le plaisir du plus grand nombre.