NOTE EXPLICATIVE DE LA FRESQUE LA PLUS CELEBRE DE LA BASILIQUE


        Ravissement de Marie-Madeleine

   

    En premier, que veut dire le mot fresque, de l’italien fresquo (frais) : C’est une manière de peindre avec des couleurs délayées à l’eau, sur un mur de pierre encore humide, ou sur une muraille fraîchement enduite d’un mortier constitué de sable, d’eau et d’un liant à base de chaux et de ciment, ou plus spécialement quand le support est une toile collée sur un mur.

      Depuis le 17e siècle, on a rarement peint à la fresque et par extension et erreur, on à maintenant tendance à donner le nom de fresque à toute décoration murale peinte.

      Cette grande peinture murale, (hauteur 3m sur 2m de largeur) en forme d’arc, située tout à coté de la sortie sud du transept, a été découverte en 1891 par le chantre de la Grande Eglise (Emile Badel). Elle était comme presque toutes les  autres fresques retrouvées, sous une épaisse couche de badigeon et de crasse. Elle a sur le moment, dans l’ignorance, donné lieu à différentes interprétations

      Maintenant, tout le monde et d’accord, il s’agit bien du «  Ravissement de Marie-Madeleine  » à la Sainte-Baume. Mais toujours est-il que notre fresque cache encore des mystères et que sa description ainsi que les explications sur sa présence dans notre Basilique ne sont pas chose facile.

      Une haute paroi, décor de montagne se dresse sur un fond de ciel bleu méditerranéen. En bas au premier plan, en approche d’une forêt, trois pèlerins, sans doute seigneur et princesse de haut-rang à genoux en prière les mains jointes et une jeune femme souriante, le visage tourné comme pour nous dire, nous montrer avec son bras levé et l’index pointé «  le but à atteindre  ». Du même groupe, si l’on en juge par son élégant costume, un enfant tenant un jouet et surprenant, posé sur sa main droite : un petit oiseau. Puis un cavalier l’épée au coté, tenant un autre cheval par la bride fait boire sa monture dans une mare.

      Un peu plus loin et plus haut à l’orée de la forêt sur la gauche un oratoire, ou plus simplement peut-être un abri occupé par deux pèlerins, tandis qu’un autre se repose au bord d’un sentier : la pente est raide. Alors que sur la droite on aperçoit parmi les arbres la toiture d’une maison aux tuiles rouges.

      Plus haut, encore des pèlerins dont un gravissant la montagne aidé de son bâton et plus centré à mi-hauteur de la parois, des constructions fortifiées et dans cet ensemble une ferme également protégée avec à l’intérieur d’un enclos un cheval attelé à un chariot.

      Mais surtout, dans la partie supérieure une jeune femme se détache, superbe, priant debout les mains jointes, nue, parée seulement de sa longue et magnifique chevelure. Quatre anges entourent la jeune femme et l’élèvent au sommet de la montagne où l’on aperçoit faiblement trois croix

      Comme on le sait déjà, c’est bien le Ravissement de Marie -Madeleine venue trouver calme et repentir dans la grotte de la Sainte-Baume : La tradition provençale nous rapporte qu’elle demeura là trente trois années, répondant à l’attrait d’une vocation solitaire, ne prenant aucune nourriture ni boisson, car chaque jour aux heures de la prière, les anges descendaient du ciel et l’enlevaient dans les airs où elle entendait des musiques d’harmonie céleste…. C’est pour cela quelle n’éprouvait ni la faim ni la soif.

      Qu’elle est donc vraiment la ou les raisons de ce grand décors peint dans notre église : Sanctuaire National de la Lorraine ? Œuvre d’un compagnon de maître Jacques dont on connaît les liens également de nos jours avec les Compagnons du Devoirs qui sont encore présents à la Sainte-Baume ? Ou attachement de la famille ducale de Lorraine à la Provence dont l’aïeul le roi René1er (fervent pèlerins de la Sainte-Baume) en était aussi le comte ?

      Et bien, sautons le pas et avançons une hypothèse en remontant à grands traits le cours de l’Histoire en fixant librement une date : 1460.

      1460.- Le roi René, qui à la suite du décès de son épouse Isabelle à cédé son duché de Lorraine à son fils Jean II et s’est fixé à Aix-en-Provence, vient de se remarier : (il a 51 ans).

      1460.- Jeanne de Laval, la seconde épouse du roi René : (à 25 ans).

      1460.- Yolande d’Anjou, fille du roi René, mère de René II, qui sera plus tard duchesse de Lorraine quelques jours avant de céder le titre à son fils : (à 32 ans)

      1460.- René, le futur vainqueur du Téméraire : (à 9 ans).

           Nous avons là, les quatre principaux personnages qui pourraient être ceux représentés dans notre fresque aux alentours de 1460 et on voit bien que la seule et véritable raison de sa réalisation commandée très certainement à un artiste compagnon connaissant bien la Sainte-Baume et son exécution à un moment propice au cours de la construction de la Grande Eglise, ne peut venir que d’un milieu très fermé, à savoir très certainement la famille de Lorraine, ou très proche en souvenir sans doute de la Provence et aussi bien sur en mémoire de leurs chers défunts. Ainsi, sans trop s’exposer on peut mettre des noms sur ces personnages, qui vers 1460 se retrouvaient en Provence auprès du Bon roi René et allaient eux aussi en famille vénérer Marie-Madeleine à la Sainte-Baume.

      En prière et à genoux : Le bon roi René et sa fille Yolande d’Anjou. : mère de René II..

     La jeune femme souriante pointant son index : Jeanne de Laval. : Seconde épouse du roi René.

     L’enfant : Le futur duc de Lorraine René II : Le futur vainqueur du Téméraire.