ETAT DES VITRAUX DE LA BASILIQUE DE SAINT NICOLAS DU DEBUT XIXème JUSQU'A LA FIN DU XXème SIECLE
        

     C’est la grande vogue du romantisme au début du XIXème siècle, qui va entraîner celui de la redécouverte de l’architecture du Moyen Age et la renaissance de l’art du vitrail.

      Avant la mise en place du service des Monuments Historiques, et les premières protections, des  curés zélés et empressés n’hésitent pas à entreprendre la restauration des vitraux de leur église.

      Confiant les travaux à des verriers n’étant en rien préparé à ce travail difficile et exigeant, les premières restaurations entraînent souvent le remplacement de la plupart des pièces anciennes endommagées et le regroupement exagéré de panneaux isolés.

      C’est dans ce contexte d’un regain d’intérêt pour les vitraux anciens et l’inscription de la Grande Eglise de Saint-Nicolas-de-Port sur la liste des Monuments Historiques en 1840, que la première campagne de restauration des vitraux du XVIè siècle est réalisée à l’initiative de la Fabrique. La paroisse de Saint Nicolas est confiée à des curés à forte personnalité. L’abbé Dominique Guénin (1843-1847 et surtout l’abbé Lebègue de Girmont (1848-1867) qui n’hésitent pas à agir, quitte à s’attirer les foudres de l’Evêché et du service des Monuments Historiques.

      Prosper Mérimée, s’inquiétant à l’avance du coût des travaux de restauration, jugeant l’église très sévèrement avait déclaré :  «  Sous le rapport de l’Art elle n’offre qu’un très médiocre intérêt. Elle est de mauvais goût et a tous les défauts de l’époque à laquelle elle a été construite. Son seul intérêt consiste dans ses grandes proportions.  » (Pas un mot sur les vitraux).

      L’église de Saint Nicolas, après la période révolutionnaire a retrouvé tous ses moyens. Elle tient à remettre en l’honneur le pèlerinage de Saint-Nicolas-de-Port, Sanctuaire National de la Lorraine.

      Porté par ce courant, la Fabrique entreprend la restauration de ses vitraux à partir de 1847-1848. Le travail est confié au verrier Napoléon Rives et au cartonnier Désiré Laurent.

      Napoléon Rives né en 1815, avait pour premier métier celui de libraire relieur. Il est officiellement cité comme peintre verrier en 1852,  (âgé de 37 ans).

      Désiré Laurent né en 1813 en Moselle, arrivé à Nancy avec ses parents en 1820, avait comme, premier métier celui de géomètre au cadastre. Il est signalé comme peintre sur verre à partir de 1854,  (âgé de 41 ans).

      Ils sont donc venu très tard au vitrail, s’improvisant verrier au moment où naît un vif intérêt pour cet art.

      Le travail de dessin et peinture des pièces neuves revient à Napoléon Rives et à Désiré Laurent. En revanche, Joseph Desloy le vitrier de Saint Nicolas chargé par la ville de l’entretien des vitraux de l’église, assure la mise en plomb et la repose des vitraux.

      Ainsi organisé la restauration des vitraux va très vite, est en 1855 Napoléon Rives et Désiré Laurent ont donc revu l’essentiel du vitrage ancien de l’église. Seuls leurs échappent pour l’essentiel les grandes verrières de l’abside. Ils y travaillerons cependant, en remplaçant les deux apôtres du registre supérieur de la baie droite par un saint Vincent de Paul et un saint François de Sales. C’est un verrier de Saint-Nicolas-de-Port, Marcelin le Forestier qui achèvera à la même époque la restauration partielle de cette baie. Ce verrier sera aussi l’auteur de la grande verrière de la baie sud du chœur avec le Décalogue et les quatre grandes figures juives : Melchisédech, Abraham, le roi David et Elie.

      Le programme de restauration tel qu’il est connu se voulait très rigoureux, mais le souci «  archéologique  » manifesté par la Fabrique ne sera pas véritablement suivi par l’incompétence de Napoléon Rives et Désiré Laurent. Leur «  restauration  » est autant brutale que, maladroite. Les verrières des chapelles y gagnent seulement une cohérence illusoire. Les regroupements des baies de l’absidiole sud et les deux baies du bas coté nord du chœur ne sont plus que des taches colorées composées d’éléments anciens dans le plus grand désordre. Désormais avec le déplacement de tant de  panneaux les pistes sont brouillées pour l’étude des vitraux anciens, dont on ignore le plus souvent la baie d’origine et la disposition primitive.

      Dans les chapelles les panneaux du XVIè siècle déplacés et complétés ne suffisent pas à la clôture de toutes les baies. Quelques verrières nouvelles sont donc commandées aux mêmes Napoléon Rives et Désiré Laurent et aussi à plusieurs ateliers lorrains. Ainsi avant 1890, selon les vœux des curés de l’église, toutes les baies des chapelles possèdent à nouveau  « des verrières de couleur  ». La plupart de celles réalisées au XIXè siècle, seront détruites lors des combats du 19 juin 1940.

      L’Etat ne s’engage vraiment que sous la III République, mais avec une certaine parcimonie. Il n’est donc pas question pour le service des Monuments Historiques de revenir sur la disposition ancienne des vitraux. Il s’agit surtout de veiller à leur bon état technique et de les rendre plus lisibles.

      Ces principes sont appliqués par Adolphe Steinheil et Albert Bonnot les deux verrières parisiens  chargés par l’Etat de la restauration des trois grandes verrières de l’abside.

      L’ensemble est déposé précipitamment en 1887. «  Un grand vent venant de jeter à bas tout un panneau  ». Dès le mois de mai 1888, le vitrail de la baie d’axe est remis en place. A la suite de ce travail, on remplace la SAINTE CATHERINE D’ALEXANDRIE du registre supérieur gauche par un SAINT PIERRE composé de sept panneaux avec réemplois d’éléments anciens d’architecture pour le dais réalisé dans l’atelier de Jacot de Toul vers 1510. Il en est de même pour le SAIN PAUL du même registre supérieur droit, avec réemplois également d’éléments anciens réalisés dans l’atelier de Jacot à la même époque.

      Le projet de restauration des deux autres baies est approuvé le 28 juin 1892. Son exécution est attribuée aux mêmes Adolphe Steinheil et Albert Bonnot. Le 18 mars 1894 enfin, les baies de l’abside retrouvent la totalité de leur décor vitré.

      Depuis lors, les vitraux de l’abside ne subissent plus de transformation. Déposés à l’occasion des deux guerres mondiales, ils sont remis en place suivant la disposition connue depuis, la fin du 19ème siècle.

      Cependant, lors des combats de juin 1940, (le jeudi 19 juin), les quatre figures moderne du registre supérieur de la baies droite restées en place disparaissent. Elles sont remplacées dans un premier temps par des losanges de verre blanc. Puis en 1988 par quatre apôtres modernes dus au peintre verrier Claude Courageux de Crevecoeur le Grand (OISE). Au même moment, les parties anciennes des trois baies sont démontés par atelier 54 de Saint-Nicolas-de-Port, qui procède à leur remise en état, avec réparation de nombreuses casses, remise en plomb partielle, et remplacement des barlotières.

      Voilà donc résumé l’histoire d’une partie des vitaux de notre église et tout spécialement ceux de l’abside de 1850 à nos jours.

      En ce qui concerne la SAINTE CATHERINE D’ALEXANDRIE, faite de trois panneaux superposés d’une hauteur totale de 1m89 sur une largeur de Om76, dont l’étude et le style permet de relier cette composition à la production de l’atelier portois de Valentin Bousch avant 1520, qui nous dira pourquoi elle est partie au musé du Louvres à Paris ? Alors que si effectivement ce vitrail n’avait en rien à être placé dans cet endroit de l’abside réservé aux apôtres, mais la place ne manquant pas, elle aurait pu trouver facilement «  une autre demeure  » dans une des nombreuses fenêtres de notre Basilique.

      P.S.- Dans le texte, il est dit : Le travail du dessin et peinture des pièces neuves revient à Napoléon Rives et Désiré Laurent. En revanche Joseph Desloy le vitrier de Saint-Nicolas chargé par la ville de l’entretien des vitraux de l’église assure la mise en plomb et la repose des vitraux.

      J’ai connu le « dernier Desloy  » peintre vitrier à Saint-Nicolas, il demeurait au n° 58 de la Grande rue (rue Anatole France) et moi avec mes parents deux maisons après au n°62. Le plus drôle est que ma mère ma emmené veiller Monsieur Desloy sur son lit mortuaire, je devais avoir cinq ou six ans. C’était le premier mort que je voyais et j’en ai encore aujourd’hui gardé un souvenir intact

      C’est Monsieur Henri Mathieu (le père de Roger Mathieu) qui lui à succédé un peu avant 1930.

 
Bibliographie.- Ouvrage. M. Herold, Corpus Vitrearum : Les Vitraux de Saint-Nicolas-de-Port.